Des manifestants ont parcouru vendredi matin le centre de Tunis en criant des slogans hostiles au président au lendemain de son discours. Le ministre tunisien des Affaires étrangères, Kamel Morjane, a estimé sur Europe 1 que la formation dans son pays d'un gouvernement d'union nationale était "tout à fait faisable".
Au lendemain du discours en forme de promesse du président tunisien Ben Ali, le ministre tunisien des Affaires étrangères, Kamel Morjane, a estimé vendredi sur Europe 1 que la formation dans son pays d'un gouvernement d'union nationale était "tout à fait faisable" et "même normale". Interrogé par téléphone depuis Paris sur la possibilité d'un gouvernement d'union nationale en Tunisie, le ministre a répondu: "Avec le comportement de gens comme M. Néjib Chebbi, je crois que c'est faisable, c'est même tout à fait normal", a-t-il déclaré. Mohammed Néjib Chebbi est le chef historique du Parti démocratique progressiste (PDP), formation légale d'opposition mais non représentée au Parlement.
"Le président est un homme de parole", a-t-il assuré. Mercredi soir, le président Zine El Abidine Ben Ali, qui s'est engagé jeudi soir à quitter le pouvoir au terme de son mandat en 2014 et a ordonné la fin des tirs contre les manifestants, dans l'espoir d'apaiser un vaste mouvement de contestation qui a fait au moins 66 morts, selon une ONG
Grèves et rassemblements prévus
Dans les rues de Tunis, la présence des forces de sécurité, qui avaient massivement déployées dans le centre, a été réduite vendredi matin. La capitale a commencé à retrouver un visage plus habituel avec la réouverture des commerces et des cafés et une reprise de la circulation automobile après la tension ces derniers jours. Quelques unités de la gendarmerie et de l'armée étaient postées autour des bâtiments officiels, alors qu'une grève de deux heures programmée vendredi dans la région de Tunis devait avoir lieu à l'appel du syndicat unique. Des manifestants ont parcouru vendredi matin le centre de Tunis en criant des slogans hostiles au président. "Non à Ben Ali", "Soulèvement continu, non à Ben Ali", ont crié les manifestants, quelques dizaines au départ, qui n'ont pas été inquiétés par les policiers.
Des internautes et étudiants se sont mobilisés dans la nuit et vendredi matin pour le maintien des rassemblements prévus dans la journée dans Tunis. "Ben Ali vous a mis dans la poche, ne baissons pas les bras, continuons le combat pour la liberté!" lançait vendredi matin une étudiante sur Facebook. "Il ne suffit pas de déverrouiller Dailymotion et de Youtube pour tourner la page, trop de sang a coulé", renchérit l'animateur d'une émission matinale sur Radio Mosaïque, une radio privée.
Un manifestant tué
Le discours a été plutôt bien accueilli par les différentes composantes de l'opposition, harcelée sous le régime du président Ben Ali. Les rares journaux, proches du pouvoir, présents dans les kiosques de la capitale se sont félicités du discours, le quotidien Le Temps titrant en manchette "Après le sang et la désolation, la liesse et de nouveau l'espoir". Alchourouk titre de son côté: "On m'a trompé et je vous ai compris", reprenant les termes du discours du président tunisien" que le journal qualifie d'"historique".
Jeudi, un manifestant avait été tué dans le centre de Tunis, selon des témoins, après que les forces de l'ordre eurent tenté de disperser les manifestants à coup de grenades lacrymogènes. Les troubles étaient partis du centre de la Tunisie à la mi-décembre avant de s'étendre à d'autres villes et de toucher la capitale et ses environs au cours des derniers jours. Le couvre-feu avait été déclaré mercredi à Tunis et sa banlieue et l'armée avait été déployée en certains endroits. Les militaires s'étaient retirés le lendemain de la capitale au profit de la police et des forces anti-émeutes.
http://lci.tf1.fr/monde/afrique/2011-01/tunisie-un-gouvernement-d-union-nationale-faisable-6223803.html
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