jeudi 17 avril 2014

Aquilino Morelle : les petites cachotteries du conseiller de François Hollande

Aquilino Morelle, des souliers en pagaille, mais surtout une double casquette bien compromettante pour cet homme venu de la gauche du PS et qui tient à montrer qu'il a le service public chevillé au corps. Selon Mediapart (article payant), qui a enquêté six semaines sur ce conseiller d'abord de Montebourg puis de François Hollande, Aquilino Morelle, en sortant de l'Ena en 1992 entre à l'Igas, l'Inspection générale des affaires sociales. À ce titre, il a à contrôler les activités des laboratoires pharmaceutiques. Il quitte son corps d'origine plusieurs fois pour intégrer notamment des cabinets ministériels, et réintègre l'Igas en 2007.
Cela ne l'empêche pas alors d'émarger auprès d'un laboratoire danois, Lundbeck, qui utilise son entregent pour lui ouvrir "des portes", comme le reconnaît son dirigeant : "C'est un enjeu majeur : nous permettre d'aller défendre notre dossier auprès de la bonne personne." Le dirigeant du laboratoire avoue que la position de l'inspecteur était "compliquée, si peu éthique"...
Foin de l'éthique ! C'est peu ou prou la réponse qu'Aquilino Morelle oppose à Mediapart : "En tant que fonctionnaire, un certain nombre d'activités annexes sont autorisées, dont l'enseignement et le conseil", écrit-il au site. Des faits "banals", selon lui, ce qui explique qu'"en dépit de (ses) recherches", il ne soit pas parvenu à retrouver la preuve qu'il a bien déclaré cette activité annexe auprès de l'Igas.

Opacité

Banal de cumuler la fonction d'inspecteur à l'Igas et un "ménage" dans un labo privé ? Pas selon Michel Lucas, directeur de l'Igas de 1982 à 1993. Cité par Mediapart, il est formel : "Ces deux fonctions sont incompatibles. On n'autorise jamais un inspecteur à travailler pour une entreprise privée. Alors un laboratoire pharmaceutique..."
Aquilino Morelle a-t-il caché sciemment cette double casquette ? Oui, si l'on en croit le site d'information qui affirme que le conseiller a perçu ses émoluments privés via une société, créée en 2006. "En 2007, alors qu'il réintègre l'Igas", écrit Mediapart, il confie son rôle de gérant à son "frère cadet". Plus aucun lien n'existe entre l'inspecteur Morelle et une rémunération venue d'un laboratoire.
Cette opacité tranche avec les déclarations du même Aquilino Morelle en janvier 2011, alors qu'il vient de se fendre d'un rapport à l'Igas, "Enquête sur le Mediator" : "Il faut que chacun soit au clair avec lui-même et avec les autres. Il n'y a pas d'interdiction d'avoir un rapport avec l'industrie pharmaceutique pour un médecin. (...) Ce qui est obligatoire, c'est de rendre public cela. (...) C'est juste ça. Mais c'est énorme." Des mots qui éclaboussent désormais les souliers sur mesure du conseiller

http://www.lepoint.fr/politique/aquilino-morelle-les-petites-cachotteries-du-conseiller-de-francois-hollande-17-04-2014-1813938_20.php

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