mercredi 2 juillet 2014

Mis en examen, Sarkozy s'exprime ce soir à 20h sur TF1 et Europe 1

Nicolas Sarkozy a été mis en examen dans la nuit de mardi à mercredi pour "recel de violation de secret professionnel", "trafic d'influence actif" et "corruption active". Tandis que les réactions politiques pleuvent, l'ex-président a décidé de s'exprimer dès ce soir sur TF1 et Europe 1. François Hollande rappelle, lui, les principes de l'"indépendance de la justice" et de la "présomption d'innocence".

Il a été mis en examen notamment pour corruption et trafic d'influence actifs (lire noter article : La mise en examen de Sarkozy en quatre questions) dans la nuit de mardi à mercredi, une mesure spectaculaire au moment où son retour politique est dans tous les esprits. Il n'attendra pas longtemps pour parler.
Sarkozy s'exprimera à 20h ce soir sur TF1 et Europe 1. L'ancien président Nicolas Sarkozy s'exprimera pour la première fois ce mercredi soir à 20h sur TF1 et Europe 1. Un entretien, enregistré dans l'après-midi dans ses bureaux parisiens, qui sera diffusé simultanément par les deux antennes et sera mené par Gilles Bouleau pour TF1 et Jean-Pierre Elkabbach pour Europe 1. 
 Sur quoi portent les soupçons ? 
Nicolas Sarkozy a été mis en examen après environ 15 heures de garde à vue, une première sous la Ve République. Il n'est pas soumis à un contrôle judiciaire. Les juges d'instruction cherchent à établir si l'ancien chef de l'Etat (2007-2012) a essayé d'obtenir des informations couvertes par le secret auprès de Gilbert Azibert, avocat général à la Cour de Cassation, sur une décision de justice le concernant, en échange de la promesse d'une intervention pour un poste de prestige à Monaco. Jusqu'ici Nicolas Sarkozy ne s'était pas exprimé dans les médias sur cette affaire, qui avait été révélée début mars par L'Express et Le Monde.
 
Ce qu'en a dit Hollande. François Hollande a de son côté rappelé mercredi, en fin de Conseil des ministres, les principes de l"indépendance de la justice" et de la "présomption d'innocence", en référence à la mise en examen de Nicolas Sarkozy, a rapporté le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll. Le chef de l'Etat "a rappelé que depuis le début du quinquennat", les "deux règles, les deux grands principes" sur lesquels s'appuyait son action étaient "l'indépendance de la justice et (...) la présomption d'innocence", a souligné le porte-parole lors de son compte-rendu du Conseil des ministres. Interrogé sur les déclarations du Premier ministre, Manuel Valls, qui a parlé mercredi matin de "faits graves", le porte-parole a précisé que "personne n'a d'autres informations que celles dont tout le monde dispose aujourd'hui" et qui "ne préjugent en rien des décisions qui pourraient être prises derrière par la justice".
Ce qu'en a dit le Premier ministre. Manuel Valls a qualifié mercredi matin de "grave" la mise en examen de Nicolas Sarkozy. "Les faits sont graves et puis cela concerne des magistrats, de hauts magistrats, un avocat, un ancien président de la République", a-t-il déclaré sur RMC et BFM TV, tout en rappelant les principes d'indépendance de la justice et de présomption d'innocence.
Ce qu'en dit la droite : les proches s'indignent, les autres commencent à parler. Copé, Juppé, Morano, Estrosi... Une partie des ténors de la droite, la garde rapprochée de l'ancien président, s'est empressée de s'exprimer mercredi matin pour dénoncer l'"impartialité" d'une des deux juges en charge du dossier
Pour les autres, les réactions ont tardé > Lire notre article d'analyse : Pourquoi la droite ne s'est pas précipitée pour défendre Sarkozy.
Le président par intérim de l'UMP, Alain Juppé, a ouvert les réactions à droite mercredi matin en publiant un message sur son compte Twitter. Il a souhaité que l'"innocence" de Nicolas Sarkozy soit démontrée par la justice. "Je pense en amitié à Nicolas Sarkozy. Il est bien sûr présumé innocent. Sa défense démontrera son innocence, je le souhaite", écrit-il.
François Fillon, ancien Premier ministre, a finalement commenté l'affaire à la mi-journée, affirmant sur son blog qu'"il est urgent que la lumière soit faite" dans ce dossier dans lequel "Nicolas Sarkozy est présumé innocent", "pour l'homme qui traverse une épreuve douloureuse comme pour le pays qui s'enfonce dans la crise de confiance".
Jean-François Copé, président démissionnaire de l'UMP, est sorti de sa diète médiatique mercredi pour manifester son "soutien" à Nicolas Sarkozy. Sur son compte Twitter, le député-maire de Meaux (Seine-et-Marne) a écrit : "Si certains déclarent d'un côté leur amitié à Nicolas, tandis qu'ils continuent de l'autre à tout faire pour empêcher son retour, mes proches et moi-même lui réaffirmons notre soutien dans cette épreuve comme dans les étapes à venir pour notre famille politique."
La réponse du syndicat de la magitrature. L'appartenance d'un magistrat à un syndicat ne doit pas entrer dans le débat public, a estimé mercredi le Syndicat de la magistrature (SM) en réaction aux critiques émises, à droite, sur l'appartenance à cette organisation classée à gauche d'une des juges qui ont mis en examen Nicolas Sarkozy. L'une des deux juges qui instruisent le dossier, Claire Thépaut, est critiquée par des personnalités de droite pour ses liens avec ce syndicat. Elle est l'ancienne dirigeante du Syndicat de la magistrature. "A chaque fois qu'une personnalité publique est mise en cause, on a une réaction disproportionnée contre les juges et contre la justice", a déploré Eric Bocciarelli, jugeant le phénomène "inquiétant". "Le plus simple, le plus facile c'est de s'en prendre aux juges", a-t-il dénoncé.
Que risque Nicolas Sarkozy en cas de condamnation ? Le trafic d'influence est réprimé par plusieurs articles du code pénal (432-11, 433-1, 433-2) avec des peines pouvant aller jusqu'à dix ans de prison et 150.000 euros d'amende selon les circonstances. Ces quantums sont, dans ce dossier, très théoriques. Le code pénal prévoit des peines complémentaires comme l'interdiction des droits civiques.
Les autres réactions

La députée européenne UMP, Nadine Morano, s'est exprimée à la sortie de l'hémicycle du Parlement européen lundi : "Rappelez-vous de l'affaire Bettencourt dans laquelle il a été totalement mis hors de cause après des heures de garde à vue. (...) Et voilà, nous sommes dans ce feuilleton à répétition dont vous verrez que tout sera fait pour empêcher Nicolas Sarkozy de revenir sur la scène politique. Et vous verrez que face à ce feuilleton, vous aurez un happy end".
Le député-maire UMP de Nice, Christian Estrosi, secrétaire général de l'Association des amis de Nicolas Sarkozy s'est exprimé sur France Info "Jérôme Cahuzac n'a pas été mis en garde à vue. Les affaires me semblaient autrement plus graves que les sous-entendus portés à l'encontre de Nicolas Sarkozy", s'est-il indigné. "Il y a des hommes politiques qui ont un traitement de faveur, d'autres qui ne l'ont pas". Il s'en est ensuite pris aux deux magistrates en charge du dossier : "Lorsque tout cela se fait sous la férule d'un juge qui a alimenté le 'mur des cons' sur lequel je figure moi-même", "est-ce qu'il y a une véritable impartialité ? Je met en cause l'impartialité d'un des juges, qui est un juge engagé", "qui a nourri des haines - je dis bien haines - contre le président qui fait l'objet de son instruction".
 

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