jeudi 3 juillet 2014

Nicolas Sarkozy est-il allé "trop loin" avec les magistrats ?

Le Syndicat de la magistrature (SM) a accusé Nicolas Sarkozy de "tenter de jeter le discrédit" sur les juges, après avoir été mis en cause par l'ex-président qui s'en est pris à une magistrate en charge du dossier.
Nicolas Sarkozy ne digère toujours pas les "petits pois" (surnom qu'il avait donné aux magistrats en 2007). Mercredi soir, sur TF1 et Europe 1, il a mené un nouvel et violent réquisitoire contre la justice et plus particulièrement contre l'une des deux magistrates qui l'ont mis en examen quelques heures plus tôt pour "trafic d'influence actif", "corruption active" et "recel de violation du secret professionnel". Des chefs  accusations qu'il a qualifiés de "grotesques".
"Est-il normal (...) qu'on choisisse, pour instruire une affaire où mon nom est cité (...) un magistrat qui appartient au Syndicat de la magistrature  (SM)", classé à gauche, a-t-il demandé. "Il y a eu une volonté de m'humilier en me convoquant sous le statut de la  garde à vue", a par ailleurs accusé M. Sarkozy.
"Un juge d'instruction ne fait pas ce qu'il veut"
L'ancien chef de l'Etat "persiste à tenter de jeter le discrédit sur ceux dont la profession est de rechercher la manifestation de la vérité", a déploré dès mercredi soir dans un communiqué le syndicat de la magistrature, classé à gauche, assurant qu'"un juge, même syndiqué, n'en est pas moins impartial". L'organisation regrette que Nicolas Sarkozy fasse "l'amalgame entre la critique par un syndicat, personne morale, d'une politique menée et l'action d'un magistrat directeur d'enquête, dans le cadre de ses fonctions".
"A chaque fois qu'une  personnalité publique est mise en cause, on a une réaction disproportionnée contre les juges et contre la justice", a déploré le secrétaire général de ce syndicat, Eric Bocciarelli, jugeant le phénomène "inquiétant". Selon lui, "on ne peut qu'appeler l'ensemble de la classe politique à la modération et à laisser la justice travailler en toute sérénité". "Un juge d'instruction, son travail, c'est, dans une affaire, de rechercher la manifestation de la vérité. Il n'y a rien de personnel là-dedans", a-t-il assuré, rappelant que le juge d'instruction ne s'autosaisissait jamais, seul le parquet et les parties civiles ayant le pouvoir de le saisir. "Il ne fait pas ce qu'il veut. Il n'est pas dans une démarche personnelle. Son action est encadrée", les mis en cause pouvant notamment faire appel de décisions du juge d'instruction devant la chambre de l'instruction.
Nicolas Sarkozy est "allé trop loin"
"On est un petit peu rôdé à l'exercice. On sait que Nicolas n'aime pas trop les juges d'instructions et encore moins le SM. Mettre en cause non plus seulement un groupe de magistrats mais un juge en particulier, c'est peut-être aller loin, et à mon avis trop loin, a quant à lui estimé sur LCI Serge Portelli, magistrat et président de la chambre de la Cour d'appel de Versailles, à propos de l'ancien chef d'Etat. Ça me rappelle de vieux souvenirs qui sont assez tristes pour la République" a-t-il ajouté.  
Les juges d'instruction cherchent à établir si l'ancien chef de l'Etat  (2007-2012) a essayé d'obtenir, par l'intermédiaire de son avocat Thierry  Herzog, des informations couvertes par le secret auprès d'un haut magistrat de  la Cour de cassation, Gilbert Azibert, concernant une autre procédure  judiciaire, contre la promesse d'un poste de prestige pour ce dernier à Monaco. MM. Herzog et Azibert ont également été mis en examen mardi.
 

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