lundi 5 décembre 2011

Contrôle au bois de Boulogne : DSK contre-attaque

Claude Guéant voulait tordre le cou à la "théorie du complot" dans l'affaire du Sofitel de New-York. Il a surtout réussi à s'attirer les foudres des défenseurs de Dominique Strauss-Kahn. En évoquant, dans les colonnes du Journal du Dimanche, un contrôle de police qu'aurait subi DSK en 2006 au bois de Boulogne, il a fait aussitôt réagir un des proches de ce dernier, Jean-Christophe Cambadélis. Sur son blog ce dimanche, le député PS de Paris estime que le ministre de l'Intérieur en "fait trop", ajoutant : "Cela finit par être suspect." Et de s'interroger : "DSK n'est plus candidat à l'élection présidentielle. Il est à terre. Il doit faire face à des attaques de tous côtés. Et le ministre de l'Intérieur en rajoute. Plantant sa petite dague. Pourquoi ? En quoi DSK est-il encore un danger pour le pouvoir ? Que cherche-t-on ? Pourquoi veut-on en rajouter et en rajouter encore ? Quelle est la raison réelle de cette traque ? De quel secret DSK est-il dépositaire qui menacerait le pouvoir ?".
Allant plus loin encore, Jean-Jacques Urvoas, secrétaire national à la sécurité du PS, accuse carrément Claude Guéant de mensonge. Dans un communiqué, il rappelle avoir saisi le ministère en mai dernier, après l'affaire du Sofitel, à l'occasion d'un article du Monde daté du 24 mai, faisant état d'une note policière relative à un contrôle de DSK "dans un haut lieu des rencontres tarifées" de l'ouest parisien. Selon l'élu socialiste, Alain Gardère, alors directeur-adjoint de cabinet de Claude Guéant, lui avait fait la réponse suivante : "Après recherche, il apparaît bien qu'aucun compte-rendu administratif concernant (la) vie privée (de DSK) n'existe et a fortiori n'a circulé en provenance de la police. M. Strauss-Kahn serait donc en droit de poursuivre toute personne ou tout organe de presse faisant écho à de telles allégations". Et Jean-Jacques Urvoas de conclure : "Claude Guéant connaît le poids des mots. En conséquence, ou le préfet Alain Gardère m'a menti, ou bien le ministre Guéant ment à l'ensemble des Français, ce matin, dans le Journal du Dimanche".

"Il n'était pas tombé dans un guet-apens de la police !"

Avant le député de Paris et celui du Finistère, c'était l'un des avocats de Dominique Strauss-Kahn qui s'était posé des questions similaires, et ce dès samedi soir : "On peut se demander pourquoi et qui se laisse aller à de l'exploitation politique, en faisant ce type de déclaration allusive, qui plus est en ce moment", avait déclaré Me Richard Malka, relevant qu'"à l'époque, Dominique Strauss-Kahn habitait sur le Bois de Boulogne" et avait fait l'objet d'un "contrôle de routine" un soir "en rentrant chez lui".

Ce long entretien publié par le JDD était en fait surtout, pour Claude Guéant, l'occasion de répondre une nouvelle fois aux rumeurs sur la thèse du "complot" dont DSK aurait été victime dans l'affaire du Sofitel, où une femme de chambre accuse l'ex-favori de la présidentielle de l'avoir violée. "Quand je lis que, sous prétexte que M. Strauss-Kahn a égaré son téléphone, on brode toute une théorie du complot, je suis interloqué," déclarait le ministre de l'Intérieur, en commentant : "Je trouve grave qu'on essaie de détourner le regard sur ce qui me paraît l'essentiel dans cette histoire : y a-t-il eu des fautes pénales et civiles commises ?". Et de dénoncer une "campagne de rumeurs et de sous-entendus" qui "est un poison pour notre démocratie" à propos de la thèse d'un piratage du Blackberry de DSK, qui aurait permis à l'UMP de consulter ses mails.

Mais relancé par le journaliste sur le fait qu'"en décembre 2006, la police aurait interpellé Dominique Strauss-Kahn dans le bois de Boulogne", le ministre de l'Intérieur répondait alors : "Oui, j'ai entendu parler de cette histoire au cours de laquelle monsieur Strauss-Kahn avait été contrôlé au bois de Boulogne par les fonctionnaires en charge de la surveillance de cet endroit lors d'un contrôle de routine". Et de préciser aussitôt : "Mais, il n'y a aucune procédure à ce sujet. Il n'était pas tombé dans un guet-apens de la police ! Il n'était pas suivi. Ce n'est quand même pas la faute de la police s'il était là-bas ce soir-là !". L'explication de l'avocat de DSK est toute simple : il avait été contrôlé en revenant chez lui, puisqu'il habitait sur les lieux. Et les proches de DSK de s'interroger sur l'opportune exhumation de ce contrôle, qui n'avait été suivi d'aucune procédure...

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