jeudi 22 décembre 2011

Un courrier embarrasse Georges Tron

C’est une affaire dans l’affaire que tentent de démêler depuis des semaines les enquêteurs de la police judiciaire de Versailles (Yvelines). A l’origine, une troublante tentative de déstabilisation de l’une des victimes présumées de Georges Tron, qui pourrait valoir au député-maire de Draveil (Essonne) de se retrouver en fâcheuse posture. Le 21 septembre, l’élu — démissionnaire de son poste de secrétaire d’Etat à la Fonction publique depuis sa mise en examen pour viols sur deux anciennes collaboratrices deux mois plus tôt — a adressé un étonnant courrier à son ancien collègue du Pierre Lellouche.

Dans cette lettre au secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, Georges Tron sollicite l’intervention de ses services auprès de l’administration fiscale afin que celle-ci étudie avec mansuétude le dossier de Willy Bernard, ancien dirigeant du club de foot d’Angers (Maine-et-Loire) et patron de la société Next Generation
, spécialisée dans les panneaux solaires.

Une intervention soufflée, selon nos informations, par un drôle de duo formé par Noël D. et Thomas N. dont l’entourage de Georges Tron a fait la connaissance mi-juin dans des circonstances assez particulières. Les deux hommes se présentent à l’époque à la mairie forts d’un document sonore enregistré à l’insu d’Eva Loubrieu, l’une des victimes présumées de Georges Tron. Une bande susceptible de démontrer, jugent-ils, que la jeune femme a menti. Ils cherchent dès lors à monnayer cette « preuve » auprès des proches de Georges Tron en échange d’un coup de pouce à Willy Bernard, condamné début 2011 en première instance à deux ans de prison avec sursis pour abus de biens sociaux et qui connaît quelques démêlés avec le fisc.

L’enregistrement, transmis anonymement au tribunal d’Evry (Essonne), est reçu quelques heures avant la mise en examen de Georges Tron. « Cette bande n’apporte rien de probant », relève aujourd’hui une source proche de l’enquête. Les deux compères, pourtant, s’impatientent. En août, comme l’a assuré récemment un témoin aux enquêteurs, « ils sont revenus pour se plaindre en mairie de Draveil » que le député-maire n’avait pas respecté sa part du « deal ». L’entourage de Georges Tron nie aujourd’hui toute négociation, criant au « complot ». Le 21 septembre, un courrier signé par l’élu de Draveil est pourtant bien envoyé à Pierre Lellouche. C’est un policier du service de sécurité de l’ancien secrétaire d’Etat qui apporte à Bercy le document, écrit sur une simple feuille blanche. « Nous avons effectivement reçu cette lettre, qui nous a paru pour le moins étrange, confirme-t-on dans l’entourage de Pierre Lellouche. Bien évidemment, nous n’y avons pas donné suite. »

Entendus à plusieurs reprises par les enquêteurs jusqu’en septembre, Thomas N. et Noël D. tentent de minimiser leur rôle. Dans ce jeu de poker menteur, les vérifications s’annoncent longues. Des ordinateurs de la mairie de Draveil, saisis en perquisition la semaine dernière, pourront peut-être apporter des éléments de réponse. Willy Bernard, lui, dit avoir « payé toutes [s]es dettes, y compris les pénalités, jusqu’au dernier euro ». S’il reconnaît avoir mandaté « légalement » la société de Noël D. pour négocier en son nom, le chef d’entreprise assure que « comme ça n’a pas marché, ce dernier n’a rien touché ».
http://www.leparisien.fr/faits-divers/un-courrier-embarrasse-georges-tron-21-12-2011-1778127.php

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