lundi 7 novembre 2011

DSK : jusqu'où ira la chute ?

Dominique Strauss-Kahn a décroché. Définitivement. À son retour des États-Unis, le french lover du FMI qui jonglait entre conquêtes et dettes souveraines entretenait encore l'espoir de jouer un rôle sur la scène politique. Il s'est dissipé dans les miasmes de l'hôtel Carlton de Lille et de son essaim de péripatéticiennes. Les photos volées par les paparazzis ne trompent pas. Le col ouvert, la barbe naissante et le regard las, entouré de cernes, traduisent l'abattement d'un homme confronté aux miroirs brisés de sa vie. La bonhomie et la jovialité ont déserté ses traits au moment où la ronde hypocrite des amis d'hier se déchirait comme un tissu élimé.

La solitude leste ses pas et les supputations sur le départ d'Anne Sinclair, celle qui lui a toujours tout pardonné, vont désormais bon train. D'autant que toutes les épées de Damoclès pesant sur la tête de l'ex-favori de la présidentielle n'ont pas été encore levées. À New York, le procès civil annoncé dans l'affaire Nafissatou Diallo demeure lourd d'incertitudes. Ce qui s'est passé dans la suite 2806 du Sofitel restera à tout jamais un mystère. Comment DSK a-t-il pu avoir une relation consentie de quelques minutes avec une femme de chambre qu'il ne connaissait pas et qui, jusqu'à preuve du contraire, n'appartenait pas à un quelconque réseau de call-girls ?
Hypothèque financière
Au regard des mensonges répétés de la plaignante, de ses approximations et des variations de ses récits, le procureur a renoncé à soutenir l'accusation de viol, sans pour autant écrire qu'il n'avait pas eu lieu. La femme de chambre a immédiatement saisi un tribunal civil pour réclamer des dommages-intérêts. Outre-Atlantique, en cas de condamnation, les réparations financières prononcées par la justice peuvent être excessivement élevées. Et leur ampleur atteindre le prix de certains des tableaux de maître dont Anne Sinclair a hérité de son grand-père.
Le risque d'une forte sanction pécuniaire reste réel. D'autant que les avocats de Nafissatou Diallo ont désormais en main des éléments incontestables susceptibles d'éclairer la véritable personnalité de DSK et d'influencer défavorablement le juge. En France, si le parquet de Paris a classé sans suite la plainte pour tentative de viol de la journaliste Tristane Banon, il a officiellement reconnu que celle-ci avait été victime d'une agression sexuelle, trop ancienne pour donner lieu à des poursuites. À cet élément à charge s'ajoutent désormais les développements du dossier de proxénétisme né dans les chambres de l'hôtel Carlton à Lille et dans un « bordel » belge.
Scabreux, certains extraits de procès-verbaux, aujourd'hui sur la place publique, ternissent encore un peu plus l'aura d'un politicien amateur de parties fines et qui accueillait tout sourire les prostituées escortant à Washington des amis venus lui rendre visite au Fonds monétaire international. DSK ne pourra pas échapper à une audition comme témoin dans l'instruction ouverte à Lille. Mais il n'est pas certain que les juges en restent là. Celles qui étaient présentées comme les « accortes secrétaires » du groupe de travaux publics Eiffage, les hôtesses belges de « Dodo la Saumure » amenées par le patron de la police lilloise et deux chefs d'entreprise nordistes, monnayaient leurs charmes.
Notes de frais
Gérant d'un magasin de location de matériel médical et inconditionnel depuis des années de DSK, Fabrice Paszkowski protège son mentor. Toujours invité, il ne savait pas, à ses dires, qui sponsorisait les agapes et autres « parties de jambes en l'air ». David Roquet, le directeur d'une filiale d'Eiffage, sert une version du même tonneau. Les frais étaient pris en charge par sa société. Au regard de leur importance, il n'hésitait pas à griffonner « DSK » au dos de certaines notes. Sans doute pour qu'elles passent sans encombre le filtre du contrôle de gestion.
Si les juges disposent des preuves démontrant que DSK n'ignorait rien de l'origine des fonds rétribuant son bon plaisir, celui que les Guignols de Canal+ affublent désormais d'un peu ragoûtant peignoir léopard, sera alors sous la menace d'une mise en examen pour recel d'abus de biens sociaux.
http://www.sudouest.fr/2011/11/06/dsk-jusqu-ou-ira-la-chute-546273-4693.php

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