samedi 26 novembre 2011

Fabrice Paszkowski, l'homme par qui DSK est arrivé

Au départ, c'est un gamin de Carvin, en plein coeur du bassin minier, fils d'immigrés polonais à l'oeil vif et à la bouille ronde. À l'arrivée, il est l'homme par qui Dominique Strauss-Kahn est entré dans cette histoire, mis en examen et placé en détention depuis un peu plus d'un mois pour proxénétisme aggravé. « Une histoire de fous », dit-il. Une histoire toute simple, en fait.

Que peut-on faire de sa vie, quand on a des idées, de l'énergie à revendre, une sacrée faim de vivre et pour tout bagage deux années de droit et deux autres de pharmacie ?
Fabrice Paszkowski, même pas trente ans, se lance dans la commercialisation de matériel médical avec un de ses amis, Miguel Mellick, fils de l'ancien maire de Béthune.
C'est la bonne idée, ça. Le commerce, c'est fait pour les hommes de contact, ceux qui ont le bagou et l'ambition d'avancer, comme on dit.
Mais bientôt, l'association avec l'ami béthunois se fragilise. Alors, le jeune Paszkowski, qui s'est piqué au jeu, trouve d'autres associés pour créer Médicalis Pro, en 1998, puis Médicalis, l'année suivante. La première a été radiée en 2010, mais entre-temps est née Viamédical, en 2007. Entre Béthune et Lens, ces sociétés emploieront une quinzaine de personnes, avec pour activité annoncée le « commerce de détail d'articles médicaux et orthopédiques en magasin spécialisé ».
Et on dirait que ça marche, puisque ses revenus, d'après un de ses proches, tournent autour de 25 000 euros par mois. « Il a un statut de commercial indépendant et décroche de gros contrats, comme cette vente de défibrillateurs à Eiffage, pour 80 000 E. Mais en revenu net, après impôts, son salaire c'est un peu moins de 10 000 E. » Riche, Paszkowski ? « Sûrement pas ! C'est un type qui brûle tout ce qu'il a. » Un type de quarante-quatre ans qui mord dans la vie.
Et depuis l'an 2000, il mord de plus belle. Cette année-là, Jacques Mellick prépare sa campagne pour les municipales, à Béthune, qu'il rêve de reconquérir.
Fabrice Paskowski, l'ami de ses fils, vit alors avec une jeune femme dont une amie connaît... Dominique Strauss-Kahn. « Je peux faire venir DSK », décrète-t-il. Et il le fait.

« Ça l'éclate ! »

L'histoire dit que c'est en voiture, alors qu'il va chercher à la gare l'ancien ministre de l'Économie de Lionel Jospin, que les deux hommes se lient d'amitié. Paszkowski ne sera jamais carté au Parti socialiste, mais il y tisse un réseau de relations solides et variées.
Lors d'une de ses visites à Lille, DSK l'invite chez un couple de notables, pour une soirée libertine. Ce n'est pas son truc, mais il comprend que son ami en a l'habitude et le goût. Dans son sillage, il côtoie le showbiz et « ça l'éclate », disent ses amis. Michou, l'homme des nuits parisiennes, Jean-Claude Vandamme, Renaud et tant d'autres deviennent ses copains. Il a un don pour les copains.
Et il est fidèle, avec ça. Strauss-Kahn parti à Washington, il continue de le rencontrer, de faire le voyage pour ça, s'il le faut, à Paris ou à Washington, régulièrement relancé par son prestigieux ami.
Et c'est là qu'il franchit la ligne jaune, sans même s'en apercevoir, sans doute. Pour rendre service, être agréable ou rester dans les petits papiers du directeur du FMI, il demande à des copains lillois, membres d'autres réseaux, s'ils connaissent des filles. Quand il leur dit qui il s'agit d'aller rencontrer, Jean-Christophe Lagarde, chef de la sûreté urbaine de Lille, et David Roquet, patron d'une filiale d'Eiffage, n'hésitent pas. D'autant qu'ils connaissent le truculent René Kojfer, l'homme au carnet d'adresses coquines à rallonge. Pour la loi, cela s'appelle « inciter ou favoriser la prostitution ». Mais ça, Paszkowski ne le sait pas.
Voilà comment DSK arrive dans ce pêle-mêle un peu nébuleux que les policiers découvriront lors d'écoutes téléphoniques destinées à faire tomber un bête réseau de prostitution qu'ils croient circonscrit entre Tournai et Lille. L'affaire du Carlton n'a plus rien à voir avec le Carlton.

Un type qui bosse

Il jure qu'il n'est jamais allé ni à Vienne ni à Madrid avec DSK. À Paris, à Washington, « il y allait pour trois raisons, dit encore un proche : se marrer, se faire mousser auprès de ses copains, surtout les flics, et aussi travailler. De Washington, il a ramené un système d'administration de médicaments par dose qui n'existait pas encore en France. C'est pour ça qu'il a payé une part de son déplacement sur sa société.
Il ne faut pas croire, c'est un type qui bosse : il a même créé la première pharmacie centrale. » Un type qui bosse, qui s'amuse, qui s'éclate. Juste un peu trop.
http://www.lavoixdunord.fr/Region/actualite/Secteur_Region/2011/11/25/article_fabrice-paszkowski-l-homme-parqui-dsk-es.shtml

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