mardi 14 septembre 2010

Affaire Bettencourt : journée cruciale pour l'enquête de Prévost-Desprez

La juge Isabelle Prévost-Desprez, qui conduit un supplément d'information sur les révélations des enregistrements clandestins liées à un abus de faiblesse de Liliane Bettencourt, pourra-t-elle poursuivre son enquête ? Réponse ce mardi à partir de 14 heures, avec la décision, très attendue, de la cour d'appel de Versailles. L'avocat de la milliardaire, Me Georges Kiejman, a saisi la cour pour s'opposer à ces recherches.

Ce supplément d'information avait été ordonné le 1er juillet par la 15e chambre correctionnelle du tribunal de Nanterre, présidée par la juge Prévost-Desprez. Et le procès du photographe François-Marie Banier, poursuivi par Françoise Bettencourt-Meyers qui l'accuse d'avoir profité de la "faiblesse" de sa mère âgée de 87 ans, pour obtenir près d'un milliard d'euros de dons, avait alors été renvoyé sine die. Le jour même, le parquet de Nanterre dirigé par Philippe Courroye, avait fait appel, arguant qu'une enquête préliminaire était "déjà en cours" sur les enregistrements. Il avait assorti sa demande d'une requête en examen immédiat, qui a depuis été rejetée par les magistrats versaillais. Mais dans la foulée, Me Kiejman avait, lui aussi, déposé un recours pour obtenir l'annulation du jugement.

Le "chaos de la procédure"

Après une audience en août qui a donné lieu à une âpre bataille procédurale entre avocats, la cour d'appel va devoir décider ce mardi dans un premier temps si l'appel formé par Me Kiejman, qui n'avait pas été accompagné d'une requête en examen immédiat, est recevable ou non et si la juge Prévost-Desprez peut poursuivre son enquête. Si la cour annule la décision de la 15e chambre correctionnelle de Nanterre, elle mettra fin au supplément d'information et, face à une situation juridique inédite, elle devra décider quelle suite donner au procès Banier-Bettencourt, selon une source judiciaire.

Estimant son appel suspensif et décrivant le "chaos de la procédure devant le tribunal de Nanterre", Me Kiejman avait invité en août les juges à faire preuve de "courage" dans leur décision. "La cour d'appel doit demander à la justice de poursuivre son cours normal", avait contesté l'avocat de la fille de Liliane Bettencourt, Me Olivier Metzner, jugeant cet appel "irrecevable".

Conflits de magistrats

Dans l'attente de la décision de la cour de Versailles, le parquet de Nanterre a refusé de transmettre à la magistrate Prévost-Desprez, en conflit avec le procureur Courroye, la retranscription des enregistrements dont il dispose. Mais la juge, qui possède une copie de ces enregistrements, a malgré tout lancé ses investigations, entendant plusieurs témoins clés de l'affaire. Selon des PV d'audition publiés par la presse, la juge a interrogé ces témoins à plusieurs reprises sur des sujets autres que l'abus de faiblesse. Elle a également fait procéder le 1er septembre à une perquisition au domicile de Liliane Bettencourt à Neuilly-sur-Seine.

Enfin, le lundi 6 septembre, selon Mediapart, elle a entendu une amie de l'héritière de L'Oréal, qui a livré un témoignage à charge contre Banier. Lucienne de Rozier, 85 ans, qui se présente comme une amie de très longue date de la milliardaire, aurait affirmé lors de cette audition devant la magistrate de Nanterre que le photographe était l'auteur d'un texte destiné à convaincre Nicolas Sarkozy de peser de tout son poids pour mettre un terme à l'enquête pour abus de faiblesse visant l'artiste. Ce texte aurait été récité tant bien que mal par Liliane Bettencourt devant le chef de l'Etat fin 2008, lors d'un entretien à l'Elysée en présence du gestionnaire de fortune de la milliardaire, Patrice de Maistre.
http://lci.tf1.fr/france/justice/2010-09/affaire-bettencourt-journee-cruciale-pour-l-enquete-de-prevost-6065195.html

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