lundi 27 septembre 2010

Les taxis dans le collimateur de la police

La France compte près de 52.000 taxis répartis dans l’Hexagone, dont 17.000 à Paris. Pour combattre les agissements de certains chauffeurs peu scrupuleux, la police des taxis patrouille en permanence dans la capitale, de jour comme de nuit. On les appelle les « Boers ». Une brigade presque unique au monde. Face à l’augmentation des délits et des taxis clandestins, la patrouille a procédé à un important renforcement de ses effectifs. Elle compte aujourd’hui 70 agents alors qu’ils n’étaient que 12 il y a deux ans. Et 15 hommes supplémentaires seront bientôt opérationnels à l’aéroport Roissy – Charles-de-Gaulle.


Dans la ville la plus touristique du monde, la clientèle ne manque pas. Les arnaques non plus. Plus de 2.000 contraventions ont été délivrées cette année à l’encontre des taxis parisiens, en hausse de 11 % par rapport à l’an dernier. La police a ainsi enregistré une augmentation des délits de l’ordre de 20 % depuis janvier. Les voyageurs venus de province et les touristes étrangers représentent une proie de choix pour certains taxis indélicats : « Ils ne connaissent ni la ville ni la tarification en vigueur, certains chauffeurs n’hésitent pas à les escroquer », affirme Anne-Laure, membre des Boers. « Les clients font généralement confiance aux chauffeurs. Certains en profitent pour les abuser, mais la pratique reste marginale », nuance Jean-Claude Françon, président de la Fédération nationale des taxis indépendants.


Un phénomène qui se développe
Il est 15 heures. L’équipe des Boers s’élance à vive allure dans les interminables artères parisiennes. Ils opèrent en civil, incognito, principalement dans les lieux très fréquentés de la capitale, aux abords des hôtels, des gares et des aéroports. L’œil averti, la brigade est sur le qui-vive. Ils seraient près de 200 taxis clandestins à œuvrer dans la capitale, selon la police des taxis, et plus de mille selon un syndicat. Le phénomène semble pour le moment toucher principalement la capitale mais se développe également en province.


Leur tactique : racoler les clients et leur proposer des prestations « arrangeantes ». Les taxis clandestins n’ont aucun signe distinctif, ni luminaire, ni horodateur. Ce sont généralement des véhicules de « type camionnette », capables d’accueillir jusqu’à 10 personnes et propose des « forfaits » en fonction de la distance à parcourir. « Ils accostent les groupes de voyageurs en leur expliquant qu’ils payeront beaucoup moins chers qu’en prenant deux taxis », rapporte un agent de police. Mais prouver l’activité clandestine d’un taxi n’est pas une mince affaire. « Il faut le prendre en flagrant délit, indique le brigadier-chef Thierry, de la police des taxis parisiens. Ce qui nécessite parfois plusieurs heures de filature. »


Certains en font leur activité principale, quand d’autres assurent des fins de mois difficiles. « Il y en a même qui se sont reconvertis dans la pratique clandestine, confie un conducteur de taxi. Ils ont rapidement compris qu’il y avait de l’argent à se faire. » Pour autant, ces derniers encourent 15.000 € d’amende et jusqu’à un an de prison.


Refus de prise en charge
Il est 16 heures. Soudain, un taxi descend en trombe l’avenue Voltaire, snobant au passage une dizaine de clients lui faisant signe de s’arrêter. « C’est une infraction, prévient le brigadier Anne-Laure. Les taxis ont l’obligation de répondre à l’appel d’un client. » Le chauffeur est interpellé quelques dizaines de mètres plus loin et écope d’une contravention de 60 €. « Toutes les infractions sont signalées à une commission de discipline des taxis qui délivre des sanctions plus sévères », explique le brigadier-chef Thierry. Les peines encourues vont alors du rappel à la loi à la confiscation du véhicule. Elles peuvent éventuellement être assorties d’une peine d’emprisonnement. »


Travail dissimulé
Il est 20 heures. Un taxi arpente le boulevard Voltaire en dehors de ses heures de service. Pourtant, son luminaire est allumé, indiquant qu’il est en activité. Le conducteur prétend avoir déposé ses derniers clients depuis peu et avoir oublié de l’éteindre. Il écope d’une amende de 60 €. La commission de discipline le convoquera prochainement pour lui infliger une sanction administrative. « S’il est récidiviste, la sanction peut être très lourde », confie l’agent. Le chauffeur, un brin provocateur, reconnaît que la présence des Boers se fait davantage sentir qu’auparavant : « Lorsqu’ils étaient une dizaine, ils étaient facilement repérés. Aujourd’hui c’est plus compliqué ! » La nuit tombée, le travail d’investigation de la brigade ne s’arrête pas pour autant.


Taxis-motos
Il est 23 heures, la patrouille a prévu une « opération » à la gare de Lyon. « Certains chauffeurs viennent aborder les clients jusque dans la gare, en particulier les taxis-motos, alors qu’ils ne peuvent travailler que sur rendez-vous, explique le brigadier Jérôme. Parfois, ils s’entendent même avec le personnel de la SNCF pour qu’ils rabattent des clients en échange d’un bakchich ».


Au terminal des arrivées, des trains sont attendus d’une minute à l’autre. Dans la plus grande discrétion, les équipes de police se mettent en position. Sur le parvis, un voyageur se fait aborder par un taxi-moto. « Ce délit est aujourd’hui puni d’une amende de 300 € mais la pratique est assez répandue », indique l’agent Philippe. Le motard lui propose de le ramener chez lui, pour un montant de « 37 € ». Ils seront tout deux emmenés au commissariat pour être auditionnés, avant d’être relâchés quelques heures plus tard. « Si on veut qu’ils soient lourdement condamnés, il faut les interpeller à de multiples reprises, regrette le brigadier. A l’avenir, on gardera un œil sur lui. »
http://www.francesoir.fr/faits-divers-police-transports/les-taxis-dans-le-collimateur-de-la-police.28785

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