dimanche 12 septembre 2010

Affaire Bettencourt : une plainte déposée et le conseiller pénal de MAM viré

Un proche de la ministre de la Justice est accusé d'être à l'origine de fuites dans la presse concernant l'affaire Bettencourt. Son éviction brutale montre à quel point le pouvoir surveille la presse et s'inquiète de ce feuilleton politique et judiciaire.
Son "départ" a été officialisé au Journal officiel de samedi 4 septembre. Mais, dès la dernière semaine d’août, mois d’été durant lequel il avait effectué des permanences au ministère de la justice, le magistrat David Sénat, conseiller pénal de Michèle Alliot-Marie, a été prié de ne plus remettre les pieds place Vendôme. "David Sénat travaillait pour la ministre depuis déjà huit ans, explique Guillaume Didier, porte-parole de la Chancellerie, qui nie toute disgrâce. L’été est une excellente période pour changer d’affectation. Il était demandeur". Demandeur ? David Sénat - le Bulletin Quotidien du 9 septembre le confirme - est désormais chargé d’une "mission de préfiguration" de la cour d’Appel de … Cayenne, en Guyane.
En réalité, MAM a été sommée en haut lieu de se débarrasser de son fidèle conseiller qui l’avait suivie de la Défense à l’Intérieur, en 2007, puis à la Justice, en 2009, et qui était au coeur de la réflexion sur la réforme de la procédure pénale. Au début de l’été, en effet, l’Elysée ne décolère pas contre certaines "fuites" dans la presse sur l’affaire Bettencourt, qui, jour après jour, mettent à mal la défense d’Eric Woerth. La publication d’extraits de procès-verbaux d’audition de Patrice de Maistre, placé en garde à vue le 15 et 16 juillet, déclenche notamment un branle-bas de combat. Et aussi un vent de panique, les soupçons portant aussi bien sur le parquet de Nanterre, le ministère de l’Intérieur, les services de police chargés des investigations ou la Chancellerie, seuls dépositaires en temps réel, avec l’Elysée, des interrogatoires effectués dans le cadre de l’enquête préliminaire du procureur Courroye.

Les hauts responsables policiers –Frédéric Péchenard, le directeur général de la police nationale, et Bernard Squarcini, le patron de la Direction centrale du renseignement intérieur, ont-ils été chargés d’identifier le ou les responsables des fuites? "Il y a eu un éclairage DCRI" dit au Nouvel Observateur Bernard Squarcini. Dans le même temps, "à la fin du mois d’août", une plainte est déposée au parquet de Paris pour "violation du secret professionnel" par l’un des gardés à vue de l’affaire Bettencourt, l’avocat Fabrice Goguel, comme le confirme à l’Obs le procureur de la République de Paris, Jean-Claude Marin. Il précise que "l’IGS a été saisie". Un service "chargé d’enquêter sur les dysfonctionnements policiers".

Toujours est-il qu’en cette fin août, c’est sur un magistrat, David Sénat, que la foudre s’est abattue : les appels passés depuis son portable administratif ont été épluchés, affirment plusieurs sources. A-t-il agi seul ? Ou pour le compte de l’un ou l’autre des "camps" politiques qui s’agitent dans l’affaire Woerth-Bettencourt ? Le magistrat s’était déjà fait remarquer sur deux dossiers "sensibles". En 2008, il avait volé au secours de Fabien Chalandon, fils de l’ancien Garde des sceaux, conseil d’une société soupçonnée d’infraction à la législation sur les jeux et lui-même mis en examen cet été. David Sénat est d’autre part proche de Jean-François Gayraud, commissaire divisionnaire à la DST, avec lequel il a cosigné des livres (sur les mafias et le terrorisme). Le policier, qui avait enquêté en 2004 pour le contre-espionnage sur l’origine des faux listings Clearstream, est depuis dans le collimateur des sarkozystes.
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/politique/20100910.OBS9674/info-obs-affaire-bettencourt-une-plainte-deposee-et-le-conseiller-penal-de-mam-vire.html

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