vendredi 17 septembre 2010

Hortefeux s'en prend aux magistrats

Dans un entretien au Figaro-magazine, Brice Hortefeux, le ministre de l'Intérieur propose plusieurs réformes judiciaires allant jusqu'au retrait d'une loi votée par l'actuel gouvernement. Il prend exemple de certains faits divers, notamment le récent meurtre dans le Nord d'une femme, Natacha Mougel, par un homme condamné pour viol qui avait bénéficié d'une libération conditionnelle, pour sermonner les juges
"Les magistrats ne disent pas uniquement le droit. Ils remplissent aussi une fonction sociale indispensable à l'équilibre de notre société", dit-il. Il y selon lui "décalage entre la souffrance des victimes et la réponse pénale apportée par une minorité de magistrats" et il faut donc, à ses yeux, changer complètement le système. "Puisque c'est un juré populaire qui décide aux assises de condamner quelqu'un à la réclusion criminelle, je crois que le choix de le libérer avant qu'il ait purgé l'intégralité de sa peine doit aussi être fait par le peuple lui-même", dit-il.

Dispositif inadmissible

Il se prononce aussi pour l'abrogation de la disposition permettant d'aménager, en semi-liberté ou placement sous bracelet électronique, toute peine inférieure ou égale à deux ans de prison ferme. Elle a été adoptée en 2009, à l'initiative de la ministre de la Justice Michèle Alliot-Marie, dans une loi censée répondre à la crise du système pénitentiaire français, gravement surpeuplé et sujet à un nombre record de suicides. "Avoir quasiment l'assurance de ne pas effectuer sa peine de prison, quand on est condamné à moins de deux ans, est un dispositif parfaitement inadmissible pour les citoyens et totalement incompréhensible pour les policiers et les gendarmes", dit le ministre de l'Intérieur.

Les aménagements de peine sont censés éviter l'incarcération pour les délits les moins graves et éviter un engorgement encore plus dramatique des maisons d'arrêt. "Comment les Français peuvent-ils admettre qu'ils soient sanctionnés dès qu'ils dépassent de deux kilomètres/heure la limite de vitesse autorisée, tandis qu'un délinquant condamné, lui, à 18 mois de prison pour vol avec violences, cambriolage ou trafic de stupéfiants, ne passera pas un seul jour en prison? On marche sur la tête", dit Brice Hortefeux. Il propose donc que les aménagements de peines de prison ferme ne soient possibles que pour les peines les plus courtes, jusqu'à un an, soit un retour à la situation antérieure.

De 18 à 16 ans

Le ministre propose par ailleurs de faire passer la majorité pénale - l'âge à laquelle on est traité comme un adulte par les tribunaux - de 18 à 16 ans, et se dit pour l'introduction de jurés dans les tribunaux correctionnels. Il se dit aussi favorable à la "rétention de sûreté", donc la détention illimitée, après l'exécution de la peine de prison de tous les criminels condamnés à plus de dix ans de réclusion et non plus seulement de 15 ans. Il propose enfin de "réfléchir" à l'élection des juges d'application des peines ou des présidents de tribunaux correctionnels. L'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire) se dit consternée. "C'est tellement affligeant qu'on ne peut traiter ces déclarations que par le mépris", a dit son président Christophe Régnard. Il demande toutefois à la ministre de la Justice d'intervenir pour rétablir la vérité sur les magistrats
http://lci.tf1.fr/france/justice/2010-09/hortefeux-s-en-prend-aux-magistrats-6070250.html

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