lundi 4 avril 2011

Côte d'Ivoire: les Français regroupés, Abidjan se prépare à la bataille

La bataille d'abidjan sur le point de démarrer
La situation est "désormais mûre" pour que l'offensive sur Abidjan des forces du président ivoirien reconnu par la communauté internationale Alassane Ouattara "soit rapide", a affirmé dimanche son Premier ministre Guillaume Soro. "La stratégie était d'encercler la ville d'Abidjan, ce que nous avons réussi parfaitement. Nous avons envoyé des soldats à l'intérieur de la ville pour faire du harcèlement des troupes pro-Gbagbo, des miliciens et mercenaires", a-t-il indiqué sur la télévision du camp Ouattara, la TCI. "L'opération sera rapide car nous avons découvert exactement le nombre de chars opérationnels (des troupes pro-Gbagbo) sur le terrain. Les Ivoiriens doivent faire confiance aux Forces républicaines" de M. Ouattara, a ajouté M. Soro. Depuis jeudi soir, des affrontements à l'arme lourde opposent à Abidjan les combattants pro-Ouattara aux troupes pro-Gbagbo autour des derniers bastions du président sortant, après la prise du reste du pays par le camp Ouattara en quatre jours.
Le clan Ouattara va enquêter sur les massacres
Des enquêtes sur des massacres signalés dans l'ouest de la Côte d'Ivoire seront menées et les responsables seront punis, a affirmé dimanche soir Guillaume Soro, le Premier ministre d'Alassane Ouattara. "La position du gouvernement ivoirien est claire et nette: il n'y a pas d'impunité. Nous allons mener des enquêtes et ceux qui seront responsables, parce que nous voulons un Etat de droit, seront punis", a-t-il déclaré dans une interview diffusée par la chaîne de télévision internationale francophone  TV5monde. Selon l'ONU et plusieurs organisations internationales, la prise de Duékoué  - important carrefour de l'Ouest ivoirien - mardi par les combattants pro-Ouattara s'est accompagnée de massacres à grande échelle, les bilans allant de 330 tués à un millier de "morts ou disparus". Réagissant aux accusations d'exactions commises vendredi par les troupes pro-Ouattara dans cette ville stratégique, M. Soro a "condamné fermement la légèreté avec laquelle ces organisations (...) aient choisi d'incriminer les forces républicaines de Côte d'Ivoire". "Je les aurais entendues et même comprises si ces organisations avaient demandé des investigations, une commission d'enquête internationale", a-t-il poursuivi. Selon lui, depuis le mois de décembre, alors que les forces pro-Ouattara n'étaient pas encore à Duékoué, à Guiglo et à Toulépleu, "tout le monde avait déjà signalé des massacres à l'ouest de la Côte d'Ivoire du fait de la présence des mercenaires libériens et de milices organisées pro-Gbagbo".
Sarkozy décide le regroupement "sans délai" de tous les Français d'AbidjanMalgré le statu quo précaire sur le terrain à Abidjan dimanche, Paris a décidé dans la soirée de "regrouper sans délai tous les ressortissants français d'Abidjan", en Côte d'Ivoire, afin d'assurer leur protection, a annoncé l'Elysée. Plus de 1.650 ressortissants étrangers, dont environ la moitié de Français, étaient regroupés dimanche matin dans le camp militaire français de Port-Bouët à Abidjan, sous la protection des soldats français. Mais le Quai d'Orsay évalue à 12.200 le nombre de Français actuellement en Côte d'Ivoire, dont 11.800 à Abidjan. Quelque 7.300 ont la double nationalité. Et ensuite ? La question de l'éventuel rapatriement des Français de Côte d'Ivoire est une "question qui se pose et qui sera réglée dans les heures qui viennent", avait indiqué quelques instants plus tôt le ministre de la Défense Gérard Longuet, invité du Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro. "Nous n'exposerons pas de Français comme otages ou comme victimes indirectes d'un affrontement entre les forces" du président sortant Laurent Gbagbo et d'Alassane Ouattara, a-t-il averti. En outre, 167 étrangers, dont des Français et des Libanais, ont quitté ces dernières heures Abidjan pour la capitale sénégalaise Dakar, via la capitale togolaise Lomé, selon le porte-parole de la force française Licorne.
Nouvelle réunion à l'Elysée, Sarkozy parle avec Ouattara
L'annonce du regroupement des Français d'Abidjan a été faite à l'issue d'une réunion à l'Elysée sur la situation en Côte d'Ivoire avec le Premier ministre François Fillon et les ministres des Affaires étrangères et de la Défense, Alain Juppé et Gérard Longuet.
Outre cette annonce, le chef de l'Etat s'est entretenu à trois reprises avec le président élu ivoirien Alassane Ouattara, a indiqué l'Elysée. Au cours de cette réunion, M. Sarkozy s'est également entretenu avec le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, "pour demander la pleine mise en oeuvre de la Résolution 1975 du Conseil de sécurité qui donne mandat à l'Onuci d'assurer la protection des populations civiles", ajoute la présidence dans son communiqué.
Le Premier ministre était absent de la réunion de crise pour cause de voyage en Allemagne. Nicolas Sarkozy avait déjà réuni vendredi le Premier ministre François Fillon et les ministres des Affaires étrangères et de la Défense, Alain Juppé et Gérard Longuet, pour faire le point.
Paris renforce ses effectifs militaires sur placeDans la matinée, les forces françaises de l'opération Licorne -en coordination avec l'Onuci (Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire)- ont pris le contrôle de l'aéroport d'Abidjan.
La France a en outre dépêché 300 soldats supplémentaires en renfort en Côte d'Ivoire, a annoncé dimanche l'état-major des armées à Paris. Avant ces nouveaux renforts, les effectifs de Licorne avaient déjà été portés ces derniers jours de 900 à près de 1.100 hommes.
Le camp Gbagbo accuse la Licorne d'agir "comme une armée d'occupation"Un conseiller de Gbagbo, Toussaint Alain, a affirmé que la force Licorne agissait "comme une armée d'occupation en dehors de tout mandat" de l'ONU. Le ministre de la Défense, Gérard Longuet, invité dimanche soir du Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro, a répondu que la mission de la Licorne était de "protéger" les Français expatriés (voir la vidéo > Longuet : la France n'a "pas vocation à être le gendarme" en Côte d'Ivoire) .
Le camp d'Alassane Ouattara souhaite, lui, une "forte implication de la France" et estime que la Mission de l'ONU en Côte d'Ivoire (Onuci) "doit s'impliquer davantage", a déclaré dimanche l'ambassadeur de ce pays à Paris, nommé par le président ivoirien reconnu par la communauté internationale.
La TV de Gagbo diffuse des messages contre la France
La télévision d'Etat ivoirienne contrôlée par le président sortant Laurent Gbagbo diffusait dimanche de violents messages contre la France. "Le génocide rwandais se prépare en Côte d'Ivoire par les hommes (du président français Nicolas) Sarkozy. Ivoiriennes, Ivoiriens, sortons massivement et occupons les rues", lançait un bandeau défilant. "L'armée française occupe l'aéroport Félix Houphouët-Boigny (d'Abidjan), nous sommes en danger", affirmait un autre bandeau. La télévision RTI avait brièvement été prise par des combattants pro-Ouattara dans la nuit de jeudi à vendredi, avant qu'ils n'en perdent le contrôle et que le signal ne soit rétabli par le camp Gbagbo.
L'Onuci relocalise son personnelAlors que quatre Casques bleus de la Mission de l'ONU (Onuci) ont été "grièvement blessés" samedi à Abidjan par des militaires de Laurent Gbagbo, selon un communiqué de la mission onusienne, la Mission de l'ONU a décidé dimanche de "relocaliser" son personnel non essentiel d'Abidjan vers Bouaké, dans le centre du pays.

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