mercredi 6 avril 2011

Que peut devenir Laurent Gbagbo ?

Dans leur immense majorité, les habitants d'Abidjan restent terrés chez eux. Mardi soir, ils ont pu voir des extraits de La chute, film sur les derniers jours d'Adolf Hitler, diffusés par la télévision nationale, désormais contrôlée par le camp Ouattara. Une manière pour les partisans du président élu, mais jusqu'à présent privé du pouvoir effectif par son adversaire accroché au pouvoir, de forcer le trait sur l'agonie de l'ère Gbagbo, alors que les armes ont pratiquement cessé de retentir dans la capitale, mais que les abords du bunker présidentiel restent inaccessibles
Laurent Gbagbo, toujours retranché, refuse systématiquement de reconnaître sa défaite. Malgré les rumeurs contradictoires, dont certaines affirmaient mardi soir qu'il s'était rendu. Et la résistance acharnée de ses troupes à Abidjan, qui comptait avant la crise environ 5 millions d'habitants, a plongé la ville dans le chaos. Le Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme a fait état de "dizaines de morts" ces derniers jours dans des combats à l'arme lourde. "La situation humanitaire s'est encore détériorée et est devenue absolument dramatique à Abidjan", pour le Bureau de coordination des Affaires humanitaires des Nations unies. L'Union africaine a condamné les "abus" et les "violations des droits de l'Homme" et a de nouveau appelé à "la protection impérative de la population civile".


"Nous avons arrêté les combats"


Ministre des Affaires étrangères de Gbagbo et proche parmi les proches, Alcide Djédjé joue un rôle-clé dans l'épilogue en cours. Il s'est rendu chez l'ambassadeur de France, dont la résidence jouxte celle du président sortant, pour négocier un cessez-le-feu "à sa demande", selon lui. Le chef d'état-major de l'armée loyale à Laurent Gbagbo, le général Philippe Mangou, a peu après déclaré que ses troupes avaient "demandé au général commandant l'Onuci un cessez-le-feu". "Nous avons arrêté les combats", a-t-il ajouté. Mais si Paris comme l'ONU admettent l'existence de "tractations" au sujet de Laurent Gbagbo, il n'y a "pas encore de reddition". Selon une source proche du dossier, une pierre d'achoppement serait notamment la destination de Gbagbo : restera-t-il sur ses terres ou ce nationaliste farouche sera-t-il contraint à l'exil ?


Gbagbo lui-même n'est pourtant pas coupé du monde, réduit à ne s'exprimer que par la voix de ses proches et inaccessible à toute tentative de négociation : sa ligne téléphonique fonctionne. Pour LCI, Vincent Hervouët a pu le joindre mardi soir> Voir l'interview intégrale de Laurent Gbagbo.


Alors que la France et l'ONU exigent qu'il signe un document dans lequel il renonce au pouvoir et reconnaît son rival comme président, il a averti lors de cet entretien qu'il n'en était pas question. "Je ne reconnais pas la victoire de Ouattara. Pourquoi voulez-vous que je signe ça ?", a-t-il lancé. "Je trouve absolument ahurissant que la vie d'un pays se joue sur un coup de poker de capitales étrangères", a-t-il lâché. "Je sors d'un culte pour prier, pour que la sagesse habite les uns et les autres, pour que l'on discute", a encore déclaré ce fervent chrétien évangélique. "Que l'on s'asseye et qu'on discute, mais on ne veut pas s'asseoir, parce qu'on compte sur les forces armées étrangères. Moi, je ne suis pas un kamikaze, j'aime la vie. Ma voix n'est pas une voix de martyr, je ne cherche pas la mort mais si la mort arrive, elle arrive".
http://lci.tf1.fr/monde/afrique/2011-04/que-peut-devenir-laurent-gbagbo-6361336.html

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