lundi 4 avril 2011

Les pro-Ouattara à l'assaut d'Abidjan, des dizaines d'étrangers évacuent

L'assaut final ?
Les forces d'
Alassane Ouattara ont lancé lundi une offensive contre les troupes de son rival Laurent Gbagbo à Abidjan, a affirmé le porte-parole de Guillaume Soro, Premier ministre d'Alassane Ouattara. "A 13h (locales et GMT), les mouvements ont commencé à travers quatre grands corridors. Nous sécurisons pendant notre passage. L'objectif, c'est de converger vers le Plateau (centre) et Cocody (nord). C'est l'offensive qui est lancée", a ajouté le porte-parole. L'offensive "devrait connaître une accélération dans les heures qui viennent", a-t-il assuré. "On avance tranquillement". Le quartier administratif du Plateau accueille le palais présidentiel et Cocody la résidence officielle de Gbagbo. Depuis le quartier du Plateau, des détonations d'armes lourdes pouvaient être entendues.
Le président sortant Laurent Gbagbo, déclaré battu à l'élection présidentielle du 28 novembre par la commission électorale, refuse de céder le pouvoir. Gbagbo rejette ce résultat invalidé et accuse l'Onu, qui a certifié la victoire de Ouattara, de partialité. La crise politique a fait plus de 1.500 morts au cours des cinq derniers mois.
Regroupement et évacuation de FrançaisParis a décidé dimanche dans la soirée de "regrouper sans délai tous les ressortissants français d'Abidjan", en proie à des combats et pillages, afin d'assurer leur protection, a annoncé l'Elysée. Le Quai d'Orsay évalue à 12.200 le nombre de Français actuellement en Côte d'Ivoire, dont 11.800 à Abidjan.
Lundi matin, quelque 1.800 personnes étaient ainsi rassemblées au camp militaire français de Port-Bouët à Abidjan, selon le porte-parole de l'état-major. Le camp proche de l'aéroport n'était pas saturé et pouvait encore accueillir d'autres personnes, a-t-il précisé. Et selon le Quai d'Orsay, deux nouveaux points de regroupement des Français d'Abidjan ont été ouverts, l'hôtel le Wafou au sud des ponts (partie sud de la ville) et l'ambassade de France au nord. Les patrouilles des soldats français ont été intensifiées dans Abidjan, a précisé le porte-parole de l'état-major. Interrogé sur les regroupements en cours de Français, le porte-parole du camp Ouattara a répondu : "on ne veut gêner personne. On peut faire l'offensive tout en permettant à la France d'aller prendre ses populations".
Et ensuite ? Lundi, le Premier ministre François Fillon a déclaré qu'il n'y aurait pas "pour le moment" d'évacuation des Français de Côte d'Ivoire, affirmant qu'on était toujours "dans une phase de regroupement". Mais quelque 250 ressortissants étrangers, dont des Français, ont quitté lundi Abidjan, a annoncé le porte-parole de la force française Licorne. Dimanche déjà, 167 étrangers, dont des Français et des Libanais, avaient quitté Abidjan pour la capitale sénégalaise Dakar, via la capitale togolaise Lomé.
Nouvelle réunion à l'ElyséeL'annonce du regroupement des Français d'Abidjan a été faite à l'issue d'une réunion à l'Elysée dimanche. Une nouvelle réunion sur le dossier ivoirien s'est tenue lundi à la mi-journée autour de Nicolas Sarkozy, en présence toujours des ministres Gérard Longuet (Défense) et Henri de Raincourt (Coopération), ainsi que du chef d'état-major des armées Edouard Guillaud, des directeurs de cabinet du Premier ministre François Fillon et du ministre des Affaires étrangères Alain Juppé.
Dimanche, le chef de l'Etat s'est entretenu à trois reprises avec le président élu ivoirien Alassane Ouattara, a indiqué l'Elysée. Au cours de cette réunion, Nicolas Sarkozy s'est également entretenu avec le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon.
Paris renforce ses effectifs militaires sur placeLa France a en outre dépêché 300 soldats supplémentaires en renfort en Côte d'Ivoire, a annoncé dimanche l'état-major des armées à Paris. Avant ces nouveaux renforts, les effectifs de Licorne avaient déjà été portés ces derniers jours de 900 à près de 1.100 hommes. Lundi, l'état-major des armées a annoncé l'envoi de soldats supplémentaires ce qui porte l'effectif à 1.650 hommes.
Le camp Gbagbo accuse la Licorne d'agir "comme une armée d'occupation"Un conseiller de Gbagbo, Toussaint Alain, a affirmé que la force Licorne agissait "comme une armée d'occupation en dehors de tout mandat" de l'ONU. Le ministre de la Défense, Gérard Longuet, invité dimanche soir du Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro, a répondu que la mission de la Licorne était de "protéger" les Français expatriés (voir la vidéo > Longuet : la France n'a "pas vocation à être le gendarme" en Côte d'Ivoire) .
Le camp d'Alassane Ouattara souhaite, lui, une "forte implication de la France" et estime que la Mission de l'ONU en Côte d'Ivoire (Onuci) "doit s'impliquer davantage", a déclaré dimanche l'ambassadeur de ce pays à Paris, nommé par le président ivoirien reconnu par la communauté internationale.
Les messages de la TV de GbagboLes forces armées fidèles à Laurent Gbagbo "assurent la sécurité des Français vivant en Côte d'Ivoire", a affirmé lundi la télévision d'Etat RTI contrôlée par Gbagbo.
Dimanche, la TV d'Etat diffusait de violents messages contre la France. "Le génocide rwandais se prépare en Côte d'Ivoire par les hommes (du président français Nicolas) Sarkozy. Ivoiriennes, Ivoiriens, sortons massivement et occupons les rues", lançait un bandeau défilant. "L'armée française occupe l'aéroport Félix Houphouët-Boigny (d'Abidjan), nous sommes en danger", affirmait un autre bandeau. La télévision RTI avait brièvement été prise par des combattants pro-Ouattara dans la nuit de jeudi à vendredi, avant qu'ils n'en perdent le contrôle et que le signal ne soit rétabli par le camp Gbagbo.

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