jeudi 7 avril 2011

L'Onuci encercle les "derniers défenseurs" de Gbagbo

Les soldats de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci) encerclent les derniers défenseurs de Laurent Gbagbo à Abidjan, a indiqué la France jeudi après une semaine de combats visant à évincer du pouvoir le président sortant.
Les forces appuyant Alassane Ouattara, que la communauté internationale reconnaît comme le président élu du pays, sont engagées dans une offensive pour tenter de déloger Gbagbo, qui refuse de céder le pouvoir malgré sa défaite entérinée par l'Onu lors du scrutin présidentiel du 28 novembre dernier.
"Les troupes de l'Onuci ont encadré dans un quadrilatère limité les derniers défenseurs de l'ancien président Laurent Gbagbo et contrôlent les deux ponts principaux qui assurent la liaison entre le nord et le sud d'Abidjan", a déclaré à Paris le ministre de la Défense Gérard Longuet devant le Sénat.
Un porte-parole de l'Onu à Abidjan a déclaré à Reuters que l'Onuci avait dépêché des soldats dans le quartier de Cocody, où Gbagbo passe pour être retranché dans un bunker fortement défendu, mais qu'elle n'avait pas l'intention d'intervenir.
L'AMBASSADEUR DU JAPON SECOURU PAR LES FRANÇAIS
"Nous avons envoyé une patrouille à Cocody et dans les environs, mais ce n'est pas pour intervenir", a dit Hamadoun Touré, porte-parole de l'Onuci, par téléphone à Reuters. "A ma connaissance, Ouattara ne demande pas notre intervention actuellement."
Dans la nuit, des hélicoptères de la force française Licorne ont frappé des véhicules du camp Gbagbo lors d'une mission qui a permis de secourir l'ambassadeur du Japon en Côte d'Ivoire.
Les Français sont intervenus après l'intrusion de soldats de Gbagbo dans la résidence où l'ambassadeur Yoshifumi Okamura s'était abrité dans une pièce sécurisée avec sept employés et agents de sécurité, a déclaré le colonel Thierry Burkhard, porte-parole de l'état-major français.
Des hélicoptères français ont également détruit deux pick-ups armés qui tentaient de pénétrer dans la résidence de l'ambassadeur de France à Abidjan, a dit Gérard Longuet.
Ces raids ont eu lieu alors que les forces de Ouattara continuaient d'assiéger la résidence de Gbagbo après avoir tenté sans succès de le déloger de son bunker mercredi, leur assaut ayant été repoussé par des tirs d'armes lourdes.
Une semaine après l'arrivée des combattants de Ouattara dans la capitale économique ivoirienne, des tirs sporadiques ont retenti autour du palais présidentiel de Gbagbo, dans le quartier du Plateau. La résidence personnelle où il est défendu par sa garde se trouve dans une impasse du quartier de Cocody.
"En ce moment, il y a des tirs toutes les 30 minutes", a rapporté un habitant de Cocody qui n'a indiqué par téléphone que son prénom, Jean-Claude.
PÉNURIE DE VIVRES ET D'EAU
On n'observait toutefois aucun signe avant-coureur d'un assaut important des combattants de Ouattara.
Gérard Longuet a déclaré que Gbagbo disposait encore d'un millier d'hommes, dont 200 à sa résidence. Parmi eux figurent des membres de la Garde républicaine et de jeunes miliciens munis d'armes lourdes.
Les combats livrés depuis une semaine pour le contrôle de la ville ont terrifié les habitants qui peinent à trouver de l'eau et de la nourriture. Les coupures de courant sont fréquentes et les hôpitaux croulent sous les blessés.
"Chaque matin, les gens sont obligés de parcourir le quartier avec des jerricans pour chercher de l'eau", a dit Jean-Claude. "En ce qui concerne la nourriture, il ne reste rien. Les gens doivent former de longues files d'attente pour acheter ne serait-ce qu'une baguette."
La France est en pointe dans les négociations qui visent à persuader Gbagbo de céder le pouvoir à Ouattara pour mettre fin à la crise qui dure depuis le scrutin présidentiel de novembre.
La chute de Gbagbo "interviendra inévitablement dans (...) je ne vais pas dire les heures ou les jours qui viennent, je suis prudent", a déclaré Alain Juppé jeudi.
Touré Moussa, commandant des forces de Ouattara, a dit que des pourparlers continuaient avec le camp de Gbagbo, mais Juppé a paru minimiser la chose en soulignant que le blocage durait depuis quatre mois et que l'on avait consacré beaucoup de temps aux efforts de médiation. Gbagbo a réaffirmé mercredi qu'il n'avait pas l'intention de céder son poste à Ouattara.
Selon des analystes, les forces de Ouattara risquent de peiner face aux défenseurs du président sortant si elles ne sont pas épaulées par les troupes de la France et de l'Onu. Mais pour Martin Roberts, expert auprès du groupe IHS Global Insight, une trop grande dépendance de Ouattara envers les Occidentaux pourrait valoir une "crise de légitimité au nouveau régime".
http://fr.news.yahoo.com/4/20110407/tts-cote-divoire-2-tp-ca02f96.html

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