lundi 1 août 2011

Affaire DSK. David Koubbi. « Tristane Banon se battra jusqu'au bout »

Dans une interview à « La Dépêche du Midi », Me David Koubbi, l'avocat toulousain de Tristane Banon, qui a porté plainte pour tentative de viol contre Dominique Strauss-Kahn, fait le point sur cette affaire. Il veut tordre le cou à certaines rumeurs dont il est l'objet.
Tristane Banon a déposé plainte début juillet et une enquête préliminaire a été ouverte. Où en est-on ?
Une dizaine de personnes, dont sa mère et plusieurs personnalités politiques, ont déjà été auditionnées pour savoir ce qu'elles savaient de cette affaire. Est-ce que ces auditions, comme nous l'espérons, déboucheront sur la nomination d'un juge d'instruction ? Nous verrons.
Si cette enquête préliminaire n'aboutissait pas, ce serait la fermeture du dossier ?
Non, si tel était le cas, Tristane Banon se constituera partie civile contre Dominique Strauss-Kahn, ce qui lui permettra de continuer à demander justice. Nous nous battrons jusqu'au bout. Ce qui m'étonne, c'est que les avocats de DSK et tous ses amis voudraient que les faits soient qualifiés d'agression sexuelle pour bénéficier de la prescription. Au mieux, donc, DSK serait un agresseur sexuel. Et cela les satisferait !
Le procureur Cyrus Vance auditionnera-t-il Tristane Banon avant le 23 août, date de la prochaine audience ?
Comme je l'ai dit, si les États Unis font officiellement une demande d'entraide judiciaire à la France et que les autorités françaises acceptent d'y donner une suite favorable, cela permettra au procureur américain d'avoir accès au dossier de Tristane Banon. Alors, ma cliente pourra être entendue en France par des enquêteurs new-yorkais. Mais, pour Tristane Banon et moi, cela n'a pas la moindre importance. Rien de ce qui se passera aux États Unis n'a vocation à augmenter ou à réduire le périmètre du dossier Français. Notre objectif, c'est d'obtenir justice dans le dossier qui nous concerne.
Que pensez-vous de l'affaire américaine de DSK ?
Je ne sais pas si elle ira jusqu'au procès. Mais, comme je l'ai dit après avoir rencontré Nafissatou Diallo et ses avocats, le dossier médical américain auquel j'ai eu accès, n'est pas vide. Ce que je note c'est qu'aujourd'hui la femme de chambre parle dans les médias et beaucoup trouvent qu'elle en fait désormais trop. Pourtant, quand elle se taisait on lui reprochait son silence.
Dans quel état d'esprit se trouve Tristane Banon ?
Elle est fragilisée et très préoccupée par cette affaire. Elle espère que tout sera rapidement terminé. Il arrive qu'elle soit insultée par des gens qui la suspectent de mener une croisade contre le PS alors qu'elle ne cherche qu'à obtenir justice, qu'à exorciser cette tentative de viol qui l'a beaucoup traumatisée. Heureusement, elle reçoit aussi des manifestations de soutien et de sympathie.
Subissez-vous des pressions particulières ?
Certains font ou veulent faire de ce dossier une affaire politique. C'est vrai que le PS est en pleine primaire pour l'élection présidentielle. Mais, ce dossier n'a rien de politique. C'est une affaire judiciaire et que chacun s'attende à ce que je fasse du droit tout simplement mais complètement.
Des pressions ? Je ne sais pas. Certains me disent : « Vous savez, il y a des dossiers dangereux avec lesquels on peut tout perdre ». D'autres, d'un ton amical : « Vous ne méritez pas de vous brouiller ainsi avec plein de monde ». Mais que chacun se pose la question : et si Tristane était ma fille ?
Ces « pressions » vous impressionnent-elles ?
Non ! Notre cabinet n'est pas particulièrement douillet. Je n'en ai rien à faire ! Ce qui me fait avancer c'est mon serment d'avocat, celui de défendre les gens quels qu'en soient la difficulté et le danger. Un jour, il y aura une vérité judiciaire et c'est cela qui compte. Ce serment, justement, prend sa vraie valeur, sa vraie raison d'être lorsque ça vous coûte vraiment.
Des rumeurs courent aussi sur vous…
Elles visent à me déstabiliser moi et mon dossier. On fait de l'intox pour nous discréditer, Tristane Banon et moi. On ne peut pas porter plainte pour que cela cesse lorsque cela vise Tristane Banon. On dit, par exemple, que Tristane est ma maîtresse pour justifier ma pugnacité. On dit aussi que je suis mondain, que je fréquente des stars du show-bizz. Ça, c'est pour dire que je suis léger, grisé par les paillettes et que, par conséquent, mon dossier n'est pas étayé. Comme j'ai fait de la boxe lorsque j'étais étudiant à Toulouse, certains journalistes disent que je suis un ancien boxeur. Tout ça est d'un grand ridicule. Mais je comprends, il faut créer des personnages…
Certains avancent que vous seriez instrumentalisé par la droite. Et même que vous vous présenteriez aux législatives à Toulouse sous l'étiquette UMP…
D'abord, ce n'est pas moi qui aie décidé que DSK aurait un grave problème aux USA à quelques semaines de la primaire ! Quant à une candidature UMP aux législatives, c'est n'importe quoi. C'est encore pour tenter de déstabiliser notre action en justice. Je ne serai donc pas un avocat qui défend une jeune femme, mais une arme, un pion de la droite et cette candidature en serait la preuve ! Alors que s'il faut vraiment aller au bout du raisonnement, disons que les valeurs que je défends sont proches de la gauche.
http://www.ladepeche.fr/article/2011/07/31/1138220-affaire-dsk-david-koubbi-tristane-banon-se-battra-jusqu-au-bout.html

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