jeudi 26 mai 2011

Affaire Tron: des soutiens de poids pour les plaignantes

Accusé par deux ex-employées municipales de Draveil de harcèlement sexuel, le secrétaire d'Etat crie au complot politique téléguidé par la famille Le Pen. A la mairie et dans une association d'aides aux victimes, la version des plaignantes est prise très au sérieux.
"Georges Tron est bouleversé qu'une information de cette nature soit diffusée dans l'opinion", s'émeut son avocat, Me Olivier Schnerb. Ce mercredi, Le Parisien a en effet révélé que le secrétaire d'Etat à la Fonction publique fait l'objet d'une plainte pour harcèlement sexuel, déposée par deux anciennes employées municipales de la commune de Draveil, dont Georges Tron est le maire depuis 1995. Le parquet d'Evry a confirmé qu'une enquête préliminaire pour agression sexuelle et viol avait été confiée à police judiciaire.
Sous couvert de réflexologie (massage thérapeutique des pieds), l'élu leur prodiguait des massages s'apparentant à de véritables agressions", établit la plainte, à partir du récit des deux victimes présumées. Les faits se seraient déroulés entre 2007 et 2010.
Une affaire antérieure à DSK
Si l'une des plaignantes avoue dans le même journal que l'affaire impliquant DSK l'a convaincue de porter plainte, elle avait déjà confié son histoire à plusieurs interlocuteurs. Françoise Mousset, trésorière de la section CGT de la mairie de Draveil, confirme ainsi avoir "rencontré à plusieurs reprises" en 2010 cette jeune femme, que le Parisien a rebaptisée "Laura".
"Elle disait avoir un problème de harcèlement sexuel avec Georges Tron. Elle était en pleurs, complètement bouleversée par cette affaire et elle ne savait plus vers qui se tourner. Pour moi, ça ne ressemblait pas à du cinéma et je suis prête à en témoigner", confie-t-elle aujourd'hui. La syndicaliste lui avait alors conseillé de prendre contact avec l'Association européenne contre les violences faites aux femmes (AVFT).
L'AVFT reconnaît avoir été en contact à plusieurs reprises avec cette femme. (Voir encadré ci-contre). En novembre 2010 "Laura" rencontre "Eloïse", une autre victime supposée de Georges Tron, qui, comme elle, aurait tenté de se suicider. Les deux femmes décident de prendre comme avocat le très médiatique Gilbert Collard, qui choisit de rendre l'affaire publique.
Une stratégie contre-productive, selon l'avocat de Georges Tron, Olivier Schnerb: "Gilbert Collard a saboté la plainte en la rendant publique, maintenant, nous allons recevoir une multitude de témoignages contradictoires."
Un complot ourdi par l'extrême droite?
Le maire parle de "vengeance personnelle" de deux employées licenciées à la suite de procédures disciplinaires. Son avocat a annoncé le dépôt d'une plainte pour dénonciation calomnieuse.
La présence de Gilbert Collard permet en tout cas à Georges Tron de se placer en victime d'une machination fomentée par "la famille Le Pen". "J'observe que cela vient de Me Gilbert Collard, qui est un proche de Marine Le Pen, avec laquelle je suis en conflit depuis des mois", s'est ainsi défendu ce mercredi le secrétaire d'Etat à la Fonction publique.
Dans un entretien accordé à Valeurs Actuelles le 12 mai dernier, le ténor du barreau s'était déclaré "très ami, et de longue date, avec Marine Le Pen".
"Georges Tron a fumé la moquette, le Front national n'est pas lié à Gilbert Collard. Si à chaque fois qu'il est impliqué dans une affaire judiciaire, sa seule stratégie de défense consiste à attaquer le FN, c'est un peu léger", s'est insurgé le secrétaire général du parti frontiste, Steeve Briois.
Lorsqu'il fut accusé en février dernier d'avoir employé sa belle-soeur sous contrat subventionné, Georges Tron avait déjà pointé du doigt le FN. Le parti frontiste avait répliqué avec force en affirmant que le maire de Draveil avait été logé dans un appartement de Philippe Olivier, proche conseiller de Marine Le Pen et époux de Marie-Caroline Le Pen. Georges Tron avait répondu avoir résilié le bail en novembre 2009, dès qu'il avait su à qui l'appartement appartenait.
"C'est du délire!"
Les nouvelles allusions de Georges Tron ont déclenché cette fois-ci le courroux de l'avocat. "Je n'ai jamais rencontré Philippe Olivier de ma vie. Si Georges Tron ose affirmer cela, je le poursuivrai en diffamation. Les plaignantes n'appartiennent pas à l'extrême droite, sa théorie du complot ne tient pas debout!" fulmine Me Collard.
Un contentieux immobilier oppose bien Georges Tron et Philippe Olivier. Ce dernier, discret conseiller de Marine Le Pen, fait en effet partie d'une association s'opposant vigoureusement à un projet immobilier porté par le maire de Draveil sur le site de l'ancien hôpital Joffre. "En tant que riverain, je me suis opposé au projet d'aménagement de la forêt de Sénart dans lequel Georges Tron veut implanter un immeuble de 400 logements, mais ça ne va pas plus loin. Je n'ai rien à voir avec les plaignantes, c'est du délire. Son rideau de fumée se dissipera devant le juge d'instruction", rétorque Philippe Olivier.
A gauche, on observe l'affaire avec beaucoup de précautions. "Il faut respecter la présomption d'innocence et laisser la justice avancer", estime le conseiller municipal (PS) Daniel Groiselle. "Certaines personnes à droite cherchent à le détruire politiquement pour qu'il ne puisse pas se présenter aux législatives, glisse son collègue communiste Jean-Pascal Bonsignore. Il y a de gros enjeux politiques dans cette 9e circonscription de l'Essonne."
http://www.lexpress.fr/actualite/politique/affaire-tron-des-soutiens-de-poids-pour-les-plaignantes_996579.html

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