jeudi 19 mai 2011

DSK démissionne du FMI, et clame son innocence

La guerre de succession était déjà entamée en coulisses. Elle va désormais pouvoir éclater au grand jour : soumis à des pressions croissantes depuis plusieurs jours pour quitter la tête du FMI, Dominique Strauss-Kahn a démissionné jeudi de ses fonctions de directeur général du Fonds. Une démission dont il ne veut surtout pas qu'elle puisse être interprétée comme un aveu face aux accusations d'agression sexuelle qui pèsent sur lui : il s'en est expliqué dans une lettre au conseil d'administration du FMI, dans laquelle il assure être innocent.
"Dominique Strauss-Kahn a informé aujourd'hui le conseil d'administration du Fonds monétaire international de son intention de démissionner de son poste de directeur général avec effet immédiat", a indiqué l'institution de Washington dans un communiqué publié dans la nuit de mercredi à jeudi. Un communiqué auquel était joint la lettre dans laquelle Dominique Strauss-Kahn expliquait ses raisons : "C'est avec une infinie tristesse que je me sens contraint aujourd'hui de présenter au conseil d'administration ma démission de mon poste de directeur général du FMI", avait-il écrit dans ce courrier. " Je pense en ce moment tout d'abord à ma femme, que j'aime plus que tout, à mes enfants, à ma famille, à mes amis. Je pense également à mes collègues du Fonds. Nous avons accompli ensemble de si grandes choses ces trois dernières années. A tous, je souhaite dire que je démens avec la plus grande fermeté toutes les allégations portées à mon encontre. Je veux protéger cette institution que j'ai servie avec honneur et dévouement, et en particulier, je veux consacrer toute ma force, tout mon temps, et toute énergie à prouver mon innocence".
Le bras-de-fer commence
Cette démission du patron du FMI sort en tout cas l'institution d'un cruel embarras. L'incapacité de Dominique Strauss-Kahn à exercer ses fonctions aurait théoriquement pu conduire le conseil d'administration à le démettre. "Les fonctions du directeur général cessent lorsque le conseil d'administration en décide ainsi", prévoit ainsi l'article XII, section 4, des statuts du FMI, sans plus de détail sur cette procédure qui n'a jamais été engagée. Mais le conseil d'administration du FMI est composé des représentants de 24 pays et groupes de pays qui votent à la majorité qualifiée. Et traditionnellement, ces administrateurs recherchent un consensus avant de mettre un vote à leur ordre du jour.
Après une réunion "informelle" du conseil d'administration lundi, le Fonds n'avait donné aucune indication sur la façon dont il comptait gérer le sort de son directeur général. Et ses membres étaient cruellement divisés sur la stratégie à adopter. Premiers actionnaires avec 16,80% des droits de vote, les Etats-Unis avaient laissé entendre qu'ils souhaitaient le départ du directeur général. "Il n'est évidemment pas en mesure de diriger le FMI", avait constaté mardi leur secrétaire au Trésor Timothy Geithner. Deuxième actionnaire avec 6,25% des droits de vote, le Japon s'était en revanche montré réservé. "Je crois qu'il est prématuré de même envisager" la question de la succession à Dominique Strauss-Kahn, avait affirmé mercredi le porte-parole du gouvernement, Yukio Edano.
Le patron du FMI ayant finalement choisi de s'effacer, reste à lui trouver un successeur. Dominique Strauss-Kahn avait pris ses fonctions en novembre 2007 pour un mandat de cinq ans. Un mandat qui aura donc été brutalement interrompu par ces accusations d'agression sexuelle qui ont conduit à l'incarcération de DSK à New York, et qui ouvrent une phase de bras-de-fer entre Européens et pays émergents pour prendre la tête de cette institution internationale.

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