dimanche 26 juin 2011

Cet appel à témoins qui vise Florence Woerth

Sur l'affichette, "Madame Florence Henri épouse Woerth" est plutôt souriante. Mais les propos qui entourent la photo en couleur de la femme de l'ex-ministre français ne sont guère complaisants : "Cette personne affirme ne s'être rendue à Genève, ces dernières années, que les 11 janvier 2008 et 29 mai 2008. Toute personne susceptible de confirmer ou d'infirmer cette version (est priée) de bien vouloir apporter son témoignage". À l'origine - connue - du tract : un enquêteur français, Roger-Marc Moreau, qui ne souhaite pas communiquer sur l'identité du commanditaire de son enquête. En toile de fond de l'opération, particulièrement inhabituelle sur les bords du lac Léman : l'affaire Bettencourt.

Car Florence Woerth était salariée de Clymène, la holding financière de l'héritière L'Oréal. Des proches du dossier n'ont pas manqué d'y voir un conflit d'intérêts, Éric Woerth étant alors ministre du Budget. Plus embarrassant encore, les investigations menées par la justice ont révélé que la femme la plus riche de France possédait des avoirs en Suisse, non déclarés au fisc, et l'île d'Arros aux Seychelles, dissimulée derrière une fondation liechtensteinoise. Toutefois, la commission rogatoire envoyée par Nanterre en août 2010, et exécutée par Genève, ne concernait que deux avocats suisses, Roger Merkt et Edmond Tavernier. Florence Woerth - qui ne travaille plus pour Liliane Bettencourt - a-t-elle joué un rôle dans la gestion de la fortune que l'actionnaire de L'Oréal dissimulait dans la Confédération ?

Roger-Marc Moreau, patron de l'agence d'assistance pour la défense des droits, ne cache pas qu'il doute de la véracité des déclarations de Florence Woerth. "Des avocats, des banquiers, des hommes d'affaires ont déclaré dans des journaux suisses que l'épouse de l'ancien ministre du Budget se rendait très fréquemment à Genève. Selon mes sources, elle travaillait bien à Genève pour Liliane Bettencourt. Pourquoi prétend-elle n'y avoir séjourné que deux fois en 2008 ?", interroge-t-il.

Chasse à l'homme

Roger-Marc Moreau n'a donc pas hésité à bousculer les conventions en faisant distribuer des tracts et à coller des affiches d'appel à témoin dans des endroits "stratégiques". À savoir, les résidences de Château-Banquet, où aurait logé Florence Woerth, et autour de l'hôtel d'Angleterre, sur le quai du Mont-Blanc, à proximité du "family office" de Liliane Bettencourt. Dans la cité de Calvin, réputée pour sa fiscalité bienveillante et sa discrétion, certains n'hésitent pas à parler de chasse à l'homme...

À deux reprises, le 2 juillet puis le 3 septembre 2010, La Tribune de Genève a consacré une page entière aux séjours de Florence Woerth à Genève, écrivant même qu'elle y était "presque à demeure". Le quotidien assure que "selon plusieurs sources concordantes", notamment "un courtier en immobilier", l'épouse d'Éric Woerth résidait à Château-Banquet, un ensemble de haut standing, près du Palais des Nations, où un appartement de cinq pièces se vend autour de 1,2 million d'euros. http://www.lepoint.fr/monde/cet-appel-a-temoins-qui-vise-florence-woerth-24-06-2011-1345700_24.php

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