dimanche 19 juin 2011

Révélations sur les conditions de l'arrestation de DSK Le rapport du procureur de New York ne dit pas tout

Le district attorney Cyrus Vance a publié une partie des échanges entre Dominique Strauss-Kahn et les policiers qui l'ont arrêté le 14 mai à New York. La retranscription, édulcorée, prouve que le patron du FMI a tenté de se dérober à la justice en invoquant son immunité diplomatique. Et, selon nos informations, il était persuadé qu'elle le protégerait des poursuites. Mais il a été « lâché » par ses collègues du FMI.
Imbroglio sur le lieu de l'interpellation
UN sandwich et des œufs. La lecture du procès-verbal de l'arrestation de Dominique Strauss-Kahn, rendu public hier matin par le procureur Vance, ne laisse pas d'étonner. Bien sûr, il ne s'agit que d'une synthèse puisque le résultat des interrogatoires reste secret, au moins jusqu'à la prochaine audience fixée le 18 juillet. Cependant, on était en droit d'espérer plus du district attorney Cyrus Vance Jr, l'accusateur en chef qui disposerait de « preuves accablantes » susceptibles d'expédier DSK en prison jusqu'à la fin de ses jours. Las ! « la conversation » révélée ne mentionne qu'une intolérance aux menottes « trop serrées », un besoin d'aller aux toilettes, une envie de café, d'œufs, de sandwich, son souhait d'entrer en relation avec le consulat français, de téléphoner à son avocat. On découvre donc un suspect aux bonnes manières, fort courtois avec le détective Maharaj et le sergent DiLena, qui l'appréhendent à l'aéroport JFK, puis avec leur collègue Rivera au commissariat de Harlem. Plus intéressante, l'allusion à son « passeport diplomatique » et à l'immunité qui en découle. Mais la précision, qui confirme officiellement ce que l'on savait déjà, apparaît au détour de l'échange comme s'il s'agissait d'une information fournie sans arrière-pensée. « J'ai une immunité diplomatique », dit ainsi le prévenu, précisant disposer d'un second passeport après que le premier fut saisi. Le rapport de police, qui relate l'essentiel, passe sur les pressions que M. Strauss-Kahn a tenté d'exercer auprès de la Special Victims Unit (SVU) en charge des crimes sexuels. Et sur la manière dont ses espoirs ont été déçus.
« Plusieurs fois, il a fait valoir son statut », nous a confirmé un policier de la section criminelle new-yorkaise, « correspondant » de l'antiterrorisme français dans les années 1990. « M. Strauss-Kahn était persuadé que le FMI, pour lequel il n'était pas en mission ce samedi 14 mai, le couvrirait. En gros, il pensait que son immunité était permanente. » Selon lui, il y a eu « un flottement » au sein de la SVU, « personne ne savait vraiment si le suspect pouvait être poursuivi sans engager une procédure auprès du Fonds monétaire ». Le consulat français s'interrogeait aussi.
L'affaire a pris une tout autre tournure quand le FMI a indiqué dimanche 15 mai que son directeur général n'était pas mandaté pour se rendre à New York et que, s'il avait bénéficié de la réduction accordée au FMI par le Sofitel - 500 et quelques dollars au lieu de 3 000 -, il avait occupé la suite « à titre personnel ».
Ainsi abandonné par le Fonds, Dominique Strauss-Kahn a vu s'envoler ses assurances. Le rapport publié par M. Vance ne fait pas plus état des mails et appels téléphoniques que DSK aurait bizarrement adressés, à son avocat William Taylor notamment, après son arrestation. Or, on sait aujourd'hui, parce que la défense elle-même a demandé à ce qu'ils soient écartés de la procédure, qu'ils recèlent des éléments « très confidentiels » relatifs à la stratégie du suspect. En clair, c'est à Harlem, pendant sa garde à vue, que DSK et ses conseils auraient opté pour une version médiane, soit « le rapport sexuel consenti ». Ils avaient donc une idée précise de ce qu'ils ne pourraient pas contester.
Par exemple, des traces de « liquide séminal », comme disent pudiquement les Américains, sur le corps et les vêtements de la jeune femme de chambre. A laquelle, curieusement, les ténors embauchés par l'économiste français n'ont plus envie de s'attaquer. Peut-être ont-ils appris que son passé ne recèle rien de « croustillant » et que sa condition de veuve, a priori excisée avant un mariage forcé à l'âge de 13 ans, ne sera pas facilement compatible avec la thèse d'une relation débridée en compagnie d'un client de l'hôtel.
Enfin, le compte rendu de la police indique désormais que l'arrestation a eu lieu en salle d'embarquement, devant la porte 4 attribuée à Air France. Or, les confrères new-yorkais, qui disposent de bureaux dans les locaux de la police, avaient indiqué, avec force détails, que le passager Strauss-Kahn avait été sorti de l'avion sous les yeux de ses compatriotes - dont deux au moins ont relaté la scène. L'équipage du vol avait été interrogé, une hôtesse s'était plainte d'une grossièreté qu'aurait proférée le patron du FMI. Cette nouvelle version ne modifie en rien le fond du dossier mais elle ajoute au trouble ressenti à la lecture d'un document qui émane de l'accusation.
 
http://www.lunion.presse.fr/article/faits-divers/revelations-sur-les-conditions-de-larrestation-de-dsk-le-rapport-du-procureur-d

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