lundi 10 mars 2014

Affaire Sarkozy/Herzog: Un avocat peut-il être mis sur écoute?

Malgré les plaintes des avocats, vent debout après les écoutes du conseil de Nicolas Sarkozy, Christiane Taubira refuse d'édicter un principe de non-surveillance des avocats...
Les avocats grondent, mais Taubira reste ferme. Le Conseil national des barreaux (CNB), instance de représentation de la profession d'avocats, a estimé lundi matin que les juges qui avaient diligenté les écoutes de Nicolas Sarkozy et de son conseil Thierry Herzog s'étaient rendus coupables d'un «détournement» de procédure. La garde des Sceaux, elle, a répliqué en disant refuser l'«impunité à un citoyen parce qu'il exerce une profession».
Vendredi, Le Monde a révélé qu'une information judiciaire pour violation du secret de l'instruction et trafic d'influence ouverte le 26 février trouvait son origine dans l'interception de discussions au téléphone entre Me Herzog et l'ex-président de la République.
Pour le président du CNB, Jean-Marie Burguburu, il n'y avait pas, au départ, d'indices graves et concordants justifiant le placement sur écoute de Me Herzog, ce qui est le seul cas prévu par le Code de procédure pénal et confirmé par le jurisprudence permettant d'intercepter les conversations d'un avocat.

Des règles contournées?

«Aucune écoute d'un avocat ne peut être ordonnée ni réalisée à titre préventif pour rechercher les indices éventuels d'un éventuel fondement à des poursuites pénales», a rappelé le CNB dans un communiqué.
«Ces règles ont visiblement été contournées», considère le CNB, dont le président «affirme la solidarité des 60.000 avocats de France avec Me Thierry Herzog, (...) et appelle les pouvoirs publics à clarifier d'urgence cette inquiétante atteinte au bon fonctionnement de notre démocratie». Pour Jean-Marie Burguburu, les juges ont, dans ce dossier, pratiqué la technique du «filet dérivant», à la manière des pêcheurs qui laissent traîner leurs filets «assez longtemps pour ramener quelque chose».
«Il est certain que ces saisies (des téléphones portables) et l'utilisation des écoutes vont être soumises à la chambre de l'instruction et, si nous sommes encore dans un Etat de droit, elle devrait annuler les écoutes et donc leur résultat», selon lui. «Il faut sûrement renforcer la loi» pour sanctuariser encore davantage les échanges entre l'avocat et son client, a estimé Le président du CNB. Le député UMP du Rhône, Georges Fenech, a indiqué samedi qu'il déposerait cette semaine une proposition de loi en ce sens.

Appel collectif

Le bâtonnier de Paris, Pierre-Olivier Sur, a indiqué sur Europe 1 qu’il allait saisir le président de la République, «le garant et le gardien des libertés publiques, afin qu'il puisse arbitrer dans cette affaire et prendre les mesures qui conviennent, qui sont à son niveau.»

http://www.20minutes.fr/societe/1319182-affaire-sarkozy-herzog-un-avocat-peut-il-etre-mis-sur-ecoutes

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