jeudi 6 mars 2014

Comment l'affaire Buisson éclabousse Sarkozy

REVUE DE PRESSE. Pour de nombreux éditorialistes de la presse quotidienne, les enregistrements réalisés par Patrick Buisson éclaboussent avant tout celui qui l'a promu dans le premier cercle du pouvoir.

Au lendemain des révélations du  Canard enchaîné, ce qu'il est désormais convenu d'appeler "affaire Buisson" est à la Une de la plupart des journaux ce jeudi. Et tous estiment que Nicolas Sarkozy est très éclaboussé.

Pour Le Monde, cette affaire "pathétique" est avant tout "un camouflet (...) cinglant" pour l'ancien chef de l'Etat qui "ne pourra échapper ni au ridicule de ces révélations, ni au climat délétère dont elles témoignent." Selon Eric Decouty (Libération) c'est bien la "pratique du pouvoir" de l'ex-président "qui est une fois encore mise en cause". "L'attitude de Patrick Buisson n'est au fond que l'illustration d'un pouvoir dévoyé, fondé sur le cynisme et le mépris de l'Etat de droit", assène l'éditorialiste de "Libé".
"Manipulé comme une marionnette"
Dans Ouest France, Michel Urvoy crie son exaspération face à cette "affaire de trop" qui "gêne d'abord Nicolas Sarkozy" et "nuit à sa personne et à ses ambitions".  "L'affaire éclabousse l'ancien président qui a accordé une confiance marquée à un individu inquiétant", ancien directeur de l'hebdomadaire d'extrême droite Minute, renchérit Dominique Jung (Les Dernières Nouvelles d'Alsace).
Jean-Claude Souléry (La Dépêche du Midi) met l'accent sur la "naïveté très étonnante de Nicolas Sarkozy et de Claude Guéant", piégés "comme des bleus" par un dictaphone glissé dans une poche.  Que le président de la République puisse être manipulé comme une marionnette par le grand manitou des droites extrêmes suscite la consternation générale", souligne encore Jean-Louis Hervois dans la Charente Libre.
"Conseiller obscur"
"Comment Sarkozy s'est-il laissé berner par ce conseiller obscur ?", s'interroge Alain Dusart dans L'Est Républicain. Et de rappeler que Buisson "portait pourtant tous ses défauts en façade : sa nostalgie pour Maurras, son obsession antirépublicaine, son mépris des fondements et de l'héritage de la révolution française, son désir d'ordre, ses fantasmes racistes. Il ne lui manquait plus que ce premier rôle de petit milicien rompu dans l'art du baiser de Judas".  Or personne sinon Sarkozy, "n'a gonflé d'une telle importance ce mauvais génie démoniaque", poursuit Dusart. Et aujourd'hui "la piteuse idée de la France de cet homme lige de la haine et d'un sarkozysme déboussolé revient comme un boomerang."

 "La voix trahissait son maître, l'enregistrant à son insu. On s'en étonne et c'est bien le plus étonnant", soutient Denis Daumin (La Nouvelle République). "La droite, piégée par ce relaps des réseaux Algérie française, ce sectataire maurassien, crie 'au vol et au viol', feignant de découvrir des pratiques qu'elle ne pouvait pas ignorer, au regard de son pedigree". "Finalement", conclut Laurent Bodin (L'Alsace), "c'est à sa famille historique, celle de l'extrême droite, que Patrick Buisson a probablement rendu le plus grand service" à la veille des élections municipales et européennes.
 

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