vendredi 7 mars 2014

Sarkozy mis sur écoute, une nouvelle affaire surgit

Les magistrats en charge de l'enquête sur le financement de la campagne présidentielle de 2007 ont mis Nicolas Sarkozy sur écoute depuis plusieurs mois, révèle vendredi Le Monde. Effet incident : de ces conversations enregistrées, il ressortirait que l'ex-Président et son avocat avait une taupe à la Cour de cassation les informant de la procédure Bettencourt, affirme le quotidien.

Chirac disait : "Les emmerdes volent toujours en escadrille". Nicolas Sarkozy commence à en savoir quelque chose. Après l'affaire Buisson en début de semaine, Le Monde révèle ce vendredi qu'une conversation téléphonique entre l'ancien président de la République et son avocat Me Thierry Herzog serait à l'origine d'une enquête judiciaire lancée le 26 février dernier pour trafic d'influence. Information confirmée de source judiciaire. Selon le quotidien, Nicolas Sarkozy aurait été placé sur écoute à la demande des juges qui enquêtent depuis des mois sur les accusations de financement de la campagne présidentielle de 2007 par la Libye de Mouammar Kadhafi. "Discrètement, les magistrats prennent une décision forte : ils mettent l'ancien président sur écoute ainsi que deux de ses anciens ministres de l'intérieur, Claude Guéant et Brice Hortefeux", narrent les journalistes.
En décembre dernier, des fuites -déjà dans Le Monde- de ces écoutes, font une première victime : Christian Flaesch, alors patron de la police judiciaire de Paris, dont une discussion enregistrée avec Brice Hortefeux laisse apparaître une "étonnante proximité". Le policier est mis à l'écart. C'est alors, explique le quotidien, que "les sarkozystes s'inquiètent", "M. Sarkozy lui-même devient laconique sur son téléphone "officiel"". Les juges s'interrogent et découvrent alors l'existence d'un second portable, enregistré sous un nom fictif, poursuivent les journalistes. "A son tour, cet appareil est placé sous surveillance", explique Le Monde. A l'autre bout : Me Herzog, son avocat, qui a également acheté un téléphone avec une identité d'emprunt.
Une taupe à la Cour de cassation ?
Problème, affirme le quotidien, les échanges enregistrés entre les deux hommes sur ces téléphones cachés révèleraient qu'ils étaient particulièrement bien informés des évoluions judiciaires sur une autre affaire, dans laquelle le nom de Nicolas Sarkozy est cité : le dossier Bettencourt. Le 11 mars prochain, la Cour de cassation doit dire si elle valide la procédure, et notamment la saisie des agendas de l'ancien président. D'après les écoutes, un haut magistrat du parquet général de la Cour de cassation, Gilbert Azibert, qui a accès à l'intranet  de la Cour, aurait transmis des informations à Me Herzog, qui les aurait répercutés à son client. Outre cette découverte, les juges veulent savoir si Gilbert Azibert a bénéficié, ou non, en échange de ces informations, d'un coup de pouce pour obtenir un poste de conseiller d'Etat à Monaco, explique Le Monde.
Résultat : le contenu de ces conversations, transmis au parquet national financier, a conduit à l'ouverture par celui-ci le 26 février d'une information judiciaire pour trafic d'influence et violation du secret de l'instruction.  Et c'est dans ce cadre que les juges Claire Thépaut et Patricia Simon ont mené mardi des perquisitions à Paris, Nice et Bordeaux, dans les bureaux et aux domiciles de MM. Azibert et Herzog. Si la présomption d'innocence doit prévaloir à cette heure, comme le concluent les reporters du Monde : "l'affaire ne fait que commencer".
"Sarkozy est probablement toujours sur écoute"
Ses révélations ont, en tout cas, entraîné une réaction rapide de Thierry Herzog. "Il n'y a eu aucun trafic d'influence", a assuré l'avocat de Nicolas Sarkozy vendredi midi à l'Afp. Me Herzog, qui promet de démontrer le "moment venu qu'il s'agit d'une affaire politique". Selon lui, Nicolas Sarkozy est "toujours probablement sur écoute téléphonique".
 

Aucun commentaire: