vendredi 21 mars 2014

Tribune de Sarkozy : Hollande dénonce une comparaison "insupportable" avec la Stasi

François Hollande a affirmé jeudi à Bruxelles que "toute comparaison avec des dictatures (était) forcément insupportable", en réponse à la tribune de Nicolas Sarkozy comparant les écoutes le visant aux méthodes de la Stasi (la police politique de l'ex-RDA).

En tant que chef de l'Etat, il n'entend "répondre à aucune polémique". Mais quand c'est trop... François Hollande a décidé de réagir jeudi soir, depuis Bruxelles, à la tribune de son prédécesseur Nicolas Sarkozy dans laquelle ce dernier compare les écoutes le visant aux méthodes de la Stasi, la police politique de l'ex-RDA. "Laisser penser que notre pays, notre République puissent ne pas être fondés sur les libertés, c'est introduire un doute qui n'a pas sa place, et toute comparaison avec des dictatures est forcément insupportable", a répliqué François Hollande.
 
Nicolas Sarkozy s'interroge dans sa tribune sur "ce qui est fait" du contenu des écoutes qui le visent dans une affaire de trafic d'influence. Il juge que les principes fondamentaux de la République ont été "foulés au pied" dans les procédures judiciaires le visant. "Mon devoir comme tout président de la République, a également fait valoir FrançoisHollande, c'est d'assurer l'indépendance de la justice, la séparation des pouvoirs, l'exercice des droits de la défense, la présomption d'innocence, le respect des décisions de la chose jugée qui s'imposent à tous". C'est "de faire en sorte que les magistrats puissent faire leur travail dans notre pays, non pas comme ils le pensent individuellement, mais comme le droit leur fait obligation d'agir" et "c'est aussi de veiller à ce que les avocats puissent assurer la tâche qui est la leur", a-t-il poursuivi.
 
"Plus d'intervention dans les affaires individuelles"
François Hollande, que certains membres de l'opposition soupçonnent de faire travailler un "cabinet noir" pour empêcher le retour de son ancien rival, a assuré que le gouvernement n'était pour rien dans ses déboires judiciaires. "Il n'y a plus d'interventions dans les affaires individuelles", a-t-il dit, se posant comme le garant des institutions et ajoutant que son devoir était "d'assurer l'indépendance de la justice, la séparation des pouvoirs, l'exercice des droits de la défense, la présomption d'innocence".

Dans ce texte, également mis en ligne sur son compte Facebook, l'ex-président ironise aussi sur les dénégations de Christiane Taubira et Manuel Valls, qui affirment ne pas avoir été informés - ou tardivement - de sa mise sous écoute. "Je sais, la ministre de la Justice n'était pas au courant, malgré tous les rapports qu'elle a demandés et reçus. Le ministre de l'Intérieur n'était pas au courant, malgré les dizaines de policiers affectés à ma seule situation. De qui se moque-t-on? On pourrait en rire s'il ne s'agissait de principes républicains si fondamentaux", écrit-il. Les écoutes judiciaires, a répondu François Hollande, sont "décidées par des juges indépendants, sans que l'exécutif, que ce soit le garde des Sceaux et encore moins le ministre de l'Intérieur, n'ait à intervenir".

"La loi est la même pour tous", rappelle Ayrault

L'attaque de Nicolas Sarkozy contre le gouvernement a suscité l'indignation de Jean-Marc Ayrault, qui a dénoncé une "grave faute morale". Le Premier ministre a en outre jugé que "la comparaison entre la République française et l'Allemagne de l'Est est insupportable".  Jean-Marc Ayrault "rappelle solennellement que la France est un Etat de droit. La liberté y est respectée. La loi est la même pour tous. Elle doit être respectée par tous".
  
"Mettre en cause l'honneur de la justice et de la police est une grave faute morale", poursuit le Premier ministre, qui souligne que "le respect des institutions de la République s'impose à tous, et particulièrement à ceux qui exercent ou ont exercé les plus hautes responsabilités", conclut le Premier ministre.
Taubira "n'entend pas accepter cette injure"
"En qualité de ministre de la Justice, Christiane Taubira n'entend pas accepter cette injure à l'égard des citoyens français et des juges ainsi que cette attaque envers les institutions de la République", dit-elle. "Les règles de procédure très précises ont été codifiées depuis des années et impulsées par la Cour européenne des Droits de l'Homme. Ces attaques d'une  extrême violence contre les institutions, contre les magistrats au prétexte  d'appartenance syndicale, et contre la haute institution constitutionnelle fragilisent l'Etat de droit, qui garantit l'égalité de tous devant la loi", conclut le texte.

Quant à l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire), elle s'est refusée "à répondre à cette tribune, considérant que toute polémique ne pourrait qu'accréditer dans l'opinion publique l'idée d'un prétendu complot des juges", selon un communiqué publié jeudi soir. "La justice ne se rend pas dans les médias et (...) la contestation d'une  décision passe par l'exercice normal des voies de recours", a écrit le bureau de l'USM
 

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