jeudi 13 mars 2014

Ecoutes de Sarkozy : l'affaire expliquée en 2 minutes

Les juges enquêtant sur les accusations de financement par la Libye de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007 ont placé le chef de l'Etat et plusieurs de ses proches sur écoute. Voici les cinq questions pour bien comprendre l'affaire.

Qui savait que Nicolas Sarkozy était écouté ?    
Par la force des choses, les magistrats financiers instruisant l'enquête  sur les accusations de financement libyen de la campagne de 2007 de Nicolas  Sarkozy, qui ont ordonné ces écoutes en septembre, et les policiers enquêteurs.  Nicolas Sarkozy étant avocat, le bâtonnier de l'époque, Christiane  Féral-Schuhl, a été nécessairement informée. Tenue au secret, elle a réfuté  avec force qu'elle ou l'Ordre soient à l'origine de fuites ayant permis à  Nicolas Sarkozy de savoir qu'il était écouté. Son successeur, Pierre-Olivier  Sur, a prévenu qu'il s'opposerait à toute perquisition de l'Ordre pour trouver  la source d'une violation du secret de l'instruction.
  
Quant au parquet national financier, il a nécessairement été informé par  les juges d'instruction pour ouvrir, le 26 février, une nouvelle information  judiciaire pour trafic d'influence et violation du secret de l'instruction.  Autre interrogation: Manuel Valls. De nombreux connaisseurs de la police  jugent improbable que la hiérarchie policière, jusqu'au ministre, n'ait pas été  prévenue dès le début des écoutes. Mais Manuel Valls nie et l'ancien patron de  la police judiciaire (DCPJ) Christian Lothion, qui vient de partir en retraite,  a assuré à l'AFP n'avoir pas informé son ministre. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et la ministre de la Justice  
Christiane Taubira disent avoir eu connaissance fin février de l'existence de  ces écoutes.
  
Qui connaît le contenu exact des conversations ?    

Pour l'heure, rien de précis n'a filtré sur ces écoutes dont disposent  les juges et les policiers.  Selon une source judiciaire, le parquet national financier a eu connaissance fin février des passages concernant le trafic d'influence et la violation du secret de l'instruction présumés. Mais rien sur le financement  libyen, assure cette source. Si elle a donc été informée des écoutes (le 28  février, dit-elle), Christiane Taubira affirme qu'elle n'a pas vu les PV.
 
Selon ces sources, le juge Serge Tournaire, réputé discret et méthodique,  n'a pas versé ces PV à la procédure sur le financement libyen. Façon de limiter  le risque de fuites.     Reste à savoir si les policiers les ont fait remonter à leur hiérarchie. Là  encore, Christian Lothion a expliqué ne pas avoir demandé à les voir: "Cela  m'évitait qu'on me les demande".
  
Qui était écouté et depuis quand ?    
Nicolas Sarkozy depuis septembre. Le délai étant de quatre mois, les  juges ont prolongé une fois leur ordonnance. Sont visés un téléphone officiel,  mais aussi une autre ligne acquise sous un nom d'emprunt pour communiquer avec  son avocat, Me Thierry Herzog. Ce dernier n'a pas été "branché" et a donc été  écouté de manière incidente, a précisé le parquet.     Le Monde a révélé que Claude Guéant et Brice Hortefeux ont aussi été placés  sur écoute. C'est également le cas de l'actuel directeur de cabinet de Nicolas  Sarkozy, Michel Gaudin, selon des proches du dossier. Ce serait d'ailleurs une  conversation de ce dernier sur la Libye avec un responsable policier en  activité qui aurait poussé les juges à "brancher" Nicolas Sarkozy.
  
Comment en est-on arrivé à l'affaire Sarkozy/Herzog ?
En écoutant l'ex-chef de l'Etat converser avec Me Herzog, les enquêteurs  les entendent évoquer une possible intervention d'un haut magistrat au parquet général de la Cour de cassation sur une décision attendue concernant la saisie de ses agendas présidentiels. Et une possible intervention en échange de  Nicolas Sarkozy pour appuyer une candidature de ce magistrat à un poste  prestigieux à Monaco. Les juges transmettent au parquet qui ouvre l'enquête  pour trafic d'influence.
  
Quand le parquet informe-t-il la Chancellerie ?
Le 26 février, le parquet général de Paris informe la Direction des  affaires criminelles et des grâces (DACG) du ministère de l'ouverture de cette  enquête pour trafic d'influence et donc des écoutes entamées en septembre. Un  circuit classique pour les affaires dites "signalées". Fin janvier, Christiane  Taubira avait elle-même demandé aux parquets, dans une circulaire très  critiquée, une remontée d'information sur ces dossiers sensibles
 

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