lundi 10 mars 2014

Écoutes de Sarkozy, la piste du "complot"

C’est une petite phrase qui jette le doute. Devant des députés socialistes réunis à l’Elysée, François Hollande aurait déclaré à propos de Nicolas Sarkozy : "Je le surveille, je sais exactement ce qu’il fait." Rapportée par le Figaro magazine dans son édition du 21 février, puis reprise par le JDD dimanche, cette sortie ne manque pas de faire réagir, vu l’accumulation d’"affaires" concernant l’ancien chef de l’Etat depuis une dizaine de jours.
Brice Hortefeux, porte-parole officieux de Nicolas Sarkozy, s’en est d’ailleurs servi, lundi sur RTL, comme d’un argument pour démontrer que la succession d’avanies subies par la droite n’est pas due au "hasard". Dans son viseur, en particulier, la mise sur écoute de l’ancien Président par la justice. Selon lui, "le gouvernement [est] inquiet par ce que fait ou pourrait faire Nicolas Sarkozy." Henri Guaino, qui a été pendant cinq ans conseiller spécial à l’Elysée, a quant à lui évoqué l’hypothèse d’un "complot politique" contre Nicolas Sarkozy, dimanche sur France Inter.

"Les sarkozystes ont du mal avec la justice"

Pour appuyer son propos, Brice Hortefeux a notamment mis en avant la circulaire pénale publiée par la garde des Sceaux, Christiane Taubira, le 31 janvier dernier. Dans celle-ci, elle demande à être informée par le parquet de toute affaire individuelle "grave" concernant un élu ou un responsable public. "Nous ne donnons pas d’instruction individuelle. Les choses ont changé depuis vingt mois [et l’arrivée du PS au pouvoir, ndlr], on a changé d’époque", s’est défendue la ministre de la Justice, lundi sur France Info. "L’information ne veut pas dire la consigne, c’est naturel que cela remonte à la chancellerie", défend pour sa part Jean-Jacques Urvoas, président PS de la commission des lois à l’Assemblée nationale joint par leJDD.fr. "Les sarkozystes ont toujours eu beaucoup de mal avec la justice", juge ce dernier. "Quand ils étaient au pouvoir, ils pensaient qu’elle était là pour les servir. Dans l’opposition, ils font tout pour la dénigrer."

"C’est très ciblé"

S’il ne se définit pas comme un "théoricien du complot", le sénateur UMP Roger Karoutchi, joint par leJDD.fr, estime pour sa part qu’il "n’y a pas de hasard à la concomitance des déferlements". "Il y a une convergence de ceux qui ne souhaitent pas la victoire de l’UMP aux municipales ni le retour de Nicolas Sarkozy", note ce proche de l’ancien chef de l’Etat. "Cela peut être des journalistes, le Parti socialiste… La chose qui est claire, c’est que c’est très ciblé. En dix jours, c’est beaucoup."
Dans cette levée de boucliers, la droite trouve des alliés de circonstance parmi les avocats. Ces derniers sont mécontents du traitement réservé à leur confrère, Me Thierry Herzog, le conseil de Nicolas Sarkozy. "La saisie du portable, les perquisitions, c’est très choquant", regrette Dominique Perben auprès du JDD.fr. L’ancien ministre de la Justice de Jacques Chirac, aujourd’hui avocat, avait complété lors de son passage au gouvernement en 2004 la loi sur les écoutes téléphoniques. "Quand on met sur écoute un avocat, il faut qu’il y ait une vraie présomption. Mais cela devient un peu trop une habitude. Cependant, j’ai du mal à imaginer qu’il y ait une manœuvre. Ou alors ce serait extrêmement grave…"
 

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