jeudi 10 février 2011

Egypte: le pouvoir brandit la menace de l'armée

Le pouvoir contesté du président Hosni Moubarak a averti mercredi que l'armée pourrait intervenir en cas de "chaos" en Egypte, au 16e jour d'une mobilisation populaire tenace marqué par des manifestations hostiles au Parlement et au gouvernement.
La révolte a touché une ville à 400 km au sud du Caire, El Kharga, où cinq personnes blessées dans des heurts entre manifestants et policiers qui ont fait usage de balles réelles ont succombé. A la contestation politique se sont ajoutés plusieurs mouvements sociaux portant sur les salaires ou les conditions de travail, dans les arsenaux de Port-Saïd, dans plusieurs sociétés privées travaillant sur le canal de Suez ou encore à l'aéroport du Caire.


Maintenant la pression, la Maison Blanche a estimé que la poursuite de la mobilisation populaire en Egypte montrait que les réformes politiques n'étaient encore pas suffisantes, alors que le département d'Etat a encouragé l'armée égyptienne à continuer à faire preuve de modération.


Manifestations quotidiennes


Durcissant le ton à l'égard des manifestants qui ont rejeté toutes les mesures d'apaisement du régime, le ministre égyptien des Affaires étrangères Ahmed Aboul Gheit a prévenu que "l'armée interviendrait en cas de chaos pour reprendre les choses en main". Déjà mardi, le vice-président Souleimane avait averti qu'une fin immédiate du régime "signifierait le chaos".


Mais les manifestants semblaient refuser de lâcher prise, n'exigeant rien de moins que le départ immédiat de M. Moubarak, 82 ans, qui a promis de s'effacer à la fin de son mandat en septembre et la création d'une commission changée d'amender des articles de la Constitution contestés par l'opposition et liés à la présidentielle. Sur la place Tahrir, rond-point du Caire devenu symbole du mouvement déclenché le 25 janvier, des dizaines de milliers de manifestants ont encore réclamé le départ du chef de l'Etat, qui a gouverné l'Egypte d'une main de fer pendant près de 30 ans.


Les propos de M. Souleimane ont été dénoncés par l'opposition, dont les Frères musulmans, bête noire du régime. "Il s'agit d'une menace inacceptable aux yeux du peuple égyptien", a affirmé Mohamed Moursi, un responsable de la confrérie. "Tout le monde est d'accord pour continuer (à manifester) quelles que soient les menaces". Les Frères musulmans ont par ailleurs réaffirmé qu'ils ne recherchaient pas le pouvoir, alors que beaucoup, en particulier en Occident, redoutent l'émergence d'une Egypte islamiste.


Depuis le 3 février, les manifestations se déroulent le plus souvent dans le calme et l'armée n'est pas intervenue contre les protestataires. Des heurts entre policiers et manifestants les premiers jours, puis entre pro et anti Moubarak le 2 février, ont cependant fait près de 300 morts ainsi que des milliers de blessés, selon l'ONU et Human Rights Watch.
http://lci.tf1.fr/monde/afrique/egypte-le-pouvoir-brandit-la-menace-de-l-armee-6270910.html

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