dimanche 20 février 2011

Une journée de révoltes intense dans le monde arabe

MONDE - 20minutes.fr fait le point sur la situation dans les différents pays arabes...
En Libye, Mouammar Kadhafi, au pouvoir depuis 40 ans, fait face à un mouvement de contestation sans précédent, notamment dans l'est du pays. Samedi matin, l'organisation Human Rights Watch estimait à 84 le nombre de personnes tuées par le régime durant les trois jours de manifestations. Depuis d'autres estimations vont jusqu'à plus de 100 morts. Et l'AFP décompte au moins 41 morts dans la nuit de vendredi à samedi. Face à la ferme condamnation de cette répression par l'Union Européenne, le secrétaire-général du ministre des Affaires étrangères libyen a convoqué l'ambassadeur de Hongrie (actuellement à la présidence tournante du Conseil des Vingt-Sept) pour lui signifier son mécontentement. Seul le président du Conseil italien, Silvio Berlusconi, a déclaré à la presse qu'il entendait «ne pas déranger» le dictateur. Alors que l'opposition lui demandait de prendre position, il s'est dit préoccupé par la situation, mais que celle-ci était «en constante évolution, donc je ne me permettrais pas de déranger qui que ce soir» a-t-il affirmé.


Au Yémen, le pays le plus pauvre du monde arabe, la journée a également été violente. Les soutiens du gouvernement ont ouvert le feu sur des manifestants s'opposant au président Ali Abdullah Saleh - dont le mandat dure depuis 31 ans. Il y a eu au moins un mort, qui s'ajoute aux cinq de la veille. C'est la première fois depuis le début des révoltes yéménites que les manifestants anti-gouvernementaux faisaient usage d'armes à feu - fusils d'assaut et pistolets - pour riposter. «Dégage! Dégage!», scandaient un millier de manifestants à l'adresse du chef de l'Etat, faisant écho au reste des cris du monde arabe.


A Bahrein: l'armée s'est retirée samedi dans l'après-midi, alors que les manifestants prenaient possession de la place de la Perle à Manama, épicentre de la contestation contre le régime de Bahreïn. Le prince a ainsi ébauché une volonté d'apaisement en demandant aux forces de l'ordre de se retirer. Le gouvernement a ensuite annoncé dans l'après-midi qu'il avait ouvert un dialogue avec les groupes d'opposition qui réclament des réformes dans le petit royaume insulaire du Golfe. «Un processus de dialogue bahreïni a débuté entre le prince héritier et les groupements politiques», fait savoir l'office de l'information dans un message diffusé sur Twitter.


En Algérie, une marche samedi a été marquée par l'omniprésence des forces de l'ordre. Des policiers, en tenues anti-émeutes, ont dispersé dans le centre d'Alger un demi-millier de manifestants qui voulaient organiser un défilé au départ de la place du 1er-Mai. A 14h00, les manifestants se sont finalement dispersés, sans incidents signalés, et la circulation est redevenue normale dans le secteur. «Si les autorités sont vraiment démocratiques, pourquoi ne pas autoriser cette marche?», s'interrogeait une manifestante. Les policiers ont aussi interpellé Belaïd Abrika, figure de l'opposition qui fait campagne pour les droits des Kabyles.


En Tunisie, où le chef d'Etat Ben Ali est tombé, premier du monde arabe, des manifestants s'étaient rassemblés pour demander le départ de l'ambassadeur de France, Boris Boillon. Le nouvel ambassadeur de France a finalement présenté samedi soir des excuses publiques pour s'être montré cassant avec des journalistes lors d'une récente conférence de presse. «Je dis que je suis désolé (...) Je regrette mes paroles, j'ai été stupide», a déclaré le diplomate à la télévision nationale tunisienne.


En Egypte enfin, où Hosni Moubarak n'est plus au pouvoir, cédant à la suite de Ben Ali, le Premier ministre Ahmed Chafik a annoncé que 222 prisonniers politiques allaient être libérés, en notant que seuls quelques-uns avaient été arrêtés durant le soulèvement populaire qui a entraîné la chute de l'ancien président. Selon l'agence officielle Mena, Chafik a estimé à 487 le nombre des détenus politiques encore dans les prisons du pays. Des groupes de défense des droits de l'homme affirment que des milliers d'Egyptiens ont été emprisonnés sans être inculpés aux termes des lois d'exception et que beaucoup d'entre eux peuvent être considérés comme des prisonniers politiques.


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