jeudi 17 février 2011

Libye : "Jour de colère" contre Kadhafi

Le message de Mouammar Kadhafi aux manifestants qui réclament des réformes est on ne peut plus clair : pour le leader libyen, pas question de céder. Mercredi, la police a ainsi dispersé par la force un sit-in contre le pouvoir à Benghazi, la deuxième ville de Libye. Bilan officiel : 38 blessés. Cette intervention a aussitôt suivie de manifestations organisées en faveur de Kadhafi dans plusieurs villes du pays, et dont les images ont été abondamment diffusées par une télévision libyenne entièrement soumise au pouvoir.


Des sites d'opposition et des ONG libyennes, basés à l'étranger, ont également évoqué une violente répression dans la ville d'Al-Baïda. "Les forces de la Sécurité intérieure et des milices des comités révolutionnaires ont dispersé, en usant des balles réelles, une manifestation pacifique de jeunes", faisant "au moins quatre morts et plusieurs blessés", a indiqué Libya Watch, une organisation de défense des droits de l'Homme basée à Londres. Des sites d'opposition, dont Libya Al-Youm, basé à Londres, ont fait état également d'au moins quatre manifestants tués par balles réelles. L'organisation libyenne Human Right Solidarity, basée à Genève, qui cite des témoins, a indiqué de son côté que des snipers postés sur des toits ont tué 13 manifestants et blessé des dizaines d'autres.


Les ONG s'inquiètent


Pourtant, des opposants au régime ont lancé un nouvel appel à manifester ce jeudi, avec l'espoir d'imiter les révolutions en Tunisie et en Egypte. Des appels à faire de ce jeudi une "journée de la colère" ont ainsi été mis en circulation par des activistes anonymes sur des réseaux sociaux sur internet, comme Facebook et Twitter. Un facteur symbolique peut jouer en outre en faveur des troubles : cette journée de jeudi marque le cinquième anniversaire d'affrontements survenus à Benghazi au cours desquels les forces de sécurité avaient tué plusieurs manifestants qui attaquaient le consulat italien.


Mais les comités révolutionnaires, épine dorsale du régime, ont prévenu qu'ils ne permettraient pas à "des groupes s'activant la nuit de piller les acquis du peuple et de menacer la sécurité du citoyen et la stabilité du pays". Une rhétorique menaçante dont se sont déjà inquiétées Amnesty International, Londres et l'Union Européenne. Ces organisations de défense des droits de l'homme ont mis en garde contre le risque d'une féroce répression de la part des forces de sécurité dans un pays peu habitué à l'expression du mécontentement populaire.


Un scénario à la tunisienne exclu ?


Parallèlement, maniant la carotte et le bâton, les autorités libyennes ont libéré à la veille de la "journée de la colère" 110 islamistes, portant à plus de 360 le nombre total des "prisonniers politiques" relâchés depuis un an.


Au pouvoir depuis 1969, un record désormais en Afrique, Mouammar Kadhafi contrôle la Libye d'une main de fer. Le souffle des révolutions en Tunisie et en Egypte semble toutefois se faire ressentir sur son régime. Même si certains Libyens se plaignent du chômage, des inégalités et du manque de libertés, la Libye est un pays exportateur de pétrole et de nombreux observateurs écartent pour l'instant l'hypothèse d'un scénario à la tunisienne ou à l'égyptienne. Le pouvoir semble en effet pouvoir puiser dans la manne énergétique pour satisfaire d'éventuelles revendications sociales.


Fort de ces marges de manoeuvres, Mouammar Kadhafi affirme que la Libye n'a pas besoin d'importer le concept occidental de démocratie car elle s'appuie sur son propre système fondé sur la "troisième théorie universelle". Ce régime substitue à la démocratie représentative un système direct via des institutions appelées comités populaires.


http://lci.tf1.fr/monde/afrique/jour-de-colere-en-libye-6280971.html

Aucun commentaire: