vendredi 11 juin 2010

Le combat de Kavidha brûlée par son mari

«En Inde, quand on se marie, c’est pour la vie. Moi, je voulais quitter mon mari, il était violent. » Kavidha Bala, 29 ans, est sortie de l’hôpital Percy, à Clamart (Hauts-de-Seine), le 28 mai. Brûlée à l’essence par son mari, Antoine Bala, en novembre dernier, Kavidha est une miraculée.
La scène s’est déroulée sous les yeux de leur fille de 8 ans, square Agrippa-d’Aubigné, dans le quartier de Beauval à Meaux. Kavidha a été gravement brûlée sur 70% du corps. Elle pense avoir subi « six ou sept opérations ». Sur le buffet du salon repose un masque transparent en plastique : « Je dois le porter tout le temps normalement. Pour ne pas que la peau s’étire. C’est difficile… » La jeune femme porte en permamence une combinaison de compression qui recouvre son corps des chevilles aux poignets. « Je suis sortie au bout de six mois. Les médecins ont dit que j’étais très courageuse. Je me suis mise debout au bout d’un mois. »


Les mains couvertes de greffes de peau comme le reste du corps


Le nez raccourci, les oreilles effacées, les mains couvertes de greffes de peau comme le reste du corps, Kavidha ingurgite des pillules antidouleur tous les jours*. L’index de sa main gauche a gardé un bandage. « Dans un an, je serai à nouveau opérée du visage, pour refaire mon nez. Mais j’aurai toute ma vie des taches partout… »

Sa belle-mère, en France depuis vingt ans, est venue vivre chez elle. Kavidha n’a d’autre famille que celle de son mari qui est l’un de ses cousins. Son beau-frère a toujours refusé de donner des nouvelles d’elle.

L’association Ni pute ni soumise, qui avait organisé une marche pour elle en décembre, craint qu’elle soit influencée pour minimiser la peine de prison d’Antoine. « Nous aiderons Kavidha et nous la soutiendrons », insiste Rachida Benhamed, la présidente du comité meldois, venue lui rendre visite avec quelques pâtisseries. L’adulte relais qui a sauvé la vie de Kavidha — il a étouffé le feu avec sa veste — est venu prendre de ses nouvelles dimanche.

Entendue par un juge d’instruction de Meaux lundi, Kavidha n’a pas encore d’avocat. Mariée depuis neuf ans à Antoine, elle raconte ces années de violence sur fond d’alcool. « Je voulais me séparer, mais il vivait toujours ici. Il partait, il revenait. Je suis très en colère contre lui. Je ne sais pas pourquoi il a fait ça. Il avait préparé une bouteille d’essence, me l’a jetée dessus et a allumé un briquet… » se souvient-elle.

« Ma belle-famille me soutient. J’avance grâce à ma fille, je me bats pour elle. Je suis défigurée pour toujours. Elle m’accepte comme je suis, alors je suis heureuse. Elle m’aime », assure-t-elle avec un joli sourire que les flammes ont épargné. « A l’école, tout le monde demande de mes nouvelles à ma fille, certains lui disent que je suis moche et elle pleure. Elle aimait beaucoup son père ; avec le temps elle l’oubliera, j’espère. »

Kavidha, qui ignore tout de ses droits, veut déménager pour retrouver un peu de sérénité. Elle a peur aussi du jour où son bourreau sortira de prison. La fillette est toujours placée en foyer et voit sa famille paternelle. « Elle viendra vivre avec moi à la fin du mois », assure la maman.

Sur le mur du salon, une photo jaunie de son mariage reste accrochée entre deux tableaux de broderie. « Je le retirerai quand ma belle-mère sera partie… » confie la jeune femme.
http://www.leparisien.fr/seine-et-marne-77/le-combat-de-kavidha-brulee-par-son-mari-11-06-2010-959445.php

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