lundi 14 juin 2010

Violences au Kirghizistan : 104 morts et plus de 100 000 réfugiés

Au moins 104 morts, 1 200 blessés et des dizaines de milliers de réfugiés : le bilan des violences interéthniques dans le sud Kirghizistan ne cesse de s'aggraver. Depuis jeudi, des affrontements meurtriers opposent des Ouzbeks et des Kirghiz. Signe que la situation se détériore, le couvre-feu s'applique depuis dimanche 24 heure sur 24 à Och, la deuxième ville du pays.
Dimanche, l'état d'urgence a en outre été étendu à toute la région de Djalal-Abad, une autre ville du sud du pays. A Bichkek, capitale kirghize, le ministère de la Défense a annoncé la mobilisation des réservistes de l'armée, âgés de 18 à 50 ans, et le début de «l'organisation de la mobilisation partielle de la population civile». L'armée a reçu l'autorisation de tirer à vue.

«Ils nous tuent tous!»

«Ils nous tuent tous, nous les Ouzbeks les uns après les autres ! J'ai fui, je ne sais pas ce qui est arrivé à mes enfants et mes petits-enfants», raconte Rani, 52 ans, qui a fui Och pour l'Ouzbékistan. Conséquence des affrontements, 32.000 réfugiés adultes ont été enregistrés en Ouzbékistan, pays voisin, la plupart étant accompagnés d'enfants que les autorités ouzbèkes n'ont pas pu comptabiliser. Sous couvert d'anonymat, un policier ouzbek au poste-frontière à Iorkichlok a toutefois indiqué à l'AFP que 125.000 personnes avaient fui les violences.

Difficile de savoir précisément où en sont les affrontements dans le pays. Dans la ville de Djalal-Abad et sa région, des témoins et des médias locaux rendaient compte de fusillades nourries et d'incendies dimanche, mais la situation se serait stabilisée dans la soirée. A Och aussi, la ville où ont commencé les affrontements, la situation semble se stabiliser.

Pas d'assistance militaire russe

Appelée à l'aide, la Russie a accordé une aide humanitaire à son voisin d'Asie centrale. La Russie, qui dispose également d'une base à Kant, dans le nord, y a dépêché 150 parachutistes arrivés dimanche pour renforcer la protection des installations et du personnel militaires russes. Mais le chef de l'Etat russe a refusé d'envoyer une assistance militaire que lui réclamait la présidente par intérim du Kirghizstan, Rosa Otounbaïeva, qui juge la situation «hors de contrôle» dans son pays. «Il s'agit d'un conflit interne et la Russie ne voit pas, pour le moment, les conditions pour participer à sa résolution», a expliqué une porte-parole de Dmitri Medvedev, en allusion à une assistance militaire.

Depuis un soulèvement populaire qui avait fait 87 morts début avril, c'est un gouvernement provisoire qui tient les rênes du pays. Mais il n'est pas parvenu à empêcher plusieurs vagues de violences. Historiquement, les relations entre la minorité ouzbèke (15 à 20% de la population du Kirghizstan) et les Kirghiz sont tendues, notamment en raison de disparités économiques au détriment des Ouzbeks. Et la présence de puissants groupes mafieux dans cette région n'arrange pas les choses...
http://www.leparisien.fr/international/violences-au-kirghizistan-104-morts-et-plus-de-100-000-refugies-12-06-2010-961996.php

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