Il ne se trouve
aucun éditorialiste, ce mercredi matin, pour trouver des circonstances
atténuantes à Jérôme
Cahuzac au lendemain de ses aveux - alors que depuis des mois, il
réfutait en bloc toutes les accusations de Mediapart. "C'est
une ignominie. Avec ses dissimulations, ses mensonges, Jérôme Cahuzac a fait
bien plus que salir son honneur" écrit Eric Decouty dans Libération, pour
qui "l'existence de son compte en Suisse est la première des fautes" de l'ancien
ministre du Budget, qui a jeté "l'opprobre sur son action, discrédité la parole
politique et soulevé des doutes quant à l'autorité du chef de l'Etat". La
dénonciation est unanime, aussi bien dans les quotidiens d'inspiration de droite
que dans les journaux d'inspiration de gauche. Pour Paul-Henri du Limbert du Figaro, "à l'heure où la France s'enfonce chaque jour un peu
plus dans la crise, rien n'est plus grave que l'atmosphère de suspicion
généralisée que provoquera inévitablement l'affaire Cahuzac". Et dans L'Humanité, Patrick Apel-Muller clame que "le scandale
politique est énorme" car "l'homme qui tenait entre ses mains le budget de la
France, qui pilotait l'administration fiscale et traquait les fraudeurs était
lui-même un malfaiteur, auteur depuis plus de vingt ans d'évasions de capitaux
et de dissimulation de ressources".
Une attitude qui se
retrouve dans les titres et les éditoriaux de la presse quotidienne régionale.
"Dans la stratégie du mensonge éhonté devant micros et caméras, on ne voit guère
que Lance Armstrong pour rivaliser avec Jérôme Cahuzac !", ironise Hervé Favre
dans La Voix du Nord. "Depuis des mois (...) l'ancien ministre du
Budget a multiplié les mensonges avec une constance qui n'avait d'égale que sa
morgue à l'encontre de ses accusateurs", affirme Dominique Garraud dans La
Charente Libre, ajoutant que cette affaire est "symptomatique de dérives
individuelles nourries par un sentiment insupportable d'impunité".
Cahuzac s'est "fourvoyé dans la spirale du
mensonge"
Un sentiment partagé
par Jacques Camus (La Montagne Centre France) soulignant que "comme d'autres
avant lui", Jérôme Cahuzac s'est "fourvoyé dans la spirale du mensonge en
espérant une trompeuse impunité". Pour Michel Urvoy de Ouest-France,
Jérôme Cahuzac "abîme la Politique avec un grand 'P' ". Dans le Midi
Libre, Jean-Michel Servant ose un rapprochement avec l'affaire DSK, jugeant
qu'au final, cela concerne "deux mensonges, deux hommes rattrapés par la
justice, deux gâchis énormes et une classe politique sonnée, humiliée, trahie".
Plusieurs
éditorialistes estiment que ces aveux pourraient avoir des répercussions jusque
dans les plus hautes sphères de l'Etat. "Ce rebondissement n'est pas moins
dévastateur pour le président de la République qui a accordé sa confiance à un
homme brillant, mais fragile", selon Raymond Couraud de l'Alsace, et qui va
devoir "subir les conséquences de cette affaire sur son image de marque déjà
érodée". Ce "mensonge éhonté" selon Christophe Bonnefoy du Journal de la
Haute-Marne, "s'il brise tout net le destin d'un homme, est également une
épine supplémentaire dans le pied de François Hollande". Et Bruno Dive dans Sud-Ouest de reconnaître qu'aujourd'hui "les deux têtes de
l'exécutif se trouvent bafouées". Pour cet éditorialiste "au plus bas dans les
sondages, en proie à une crise économique qu'ils ne savent pas comment
affronter, menacés d'une crise sociale, Hollande et Ayrault n'avaient vraiment
pas besoin de cette crise morale et politique". Se démarquant par un commentaire
plus indulgent, Hervé Chabaud dans L'Union-L'Ardennais estime enfin que la confession de
l'ex-ministre n'est pas "simplement celle du pauvre pécheur" mais qu'elle permet
"à l'homme de se regarder à nouveau et en conscience devant sa glace" et qu'il a
gagné "dans cette épreuve" son "combat intérieur".
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