mercredi 17 avril 2013

Lourdes. Enervé par un kebab, il va braquer La Poste

Dans le box, avant l'arrivée du tribunal, Driss Menad s'agite, parle tout seul, fait des grimaces, rigole, tapote son index sur sa tempe pour bien faire comprendre au public dans le prétoire qu'il est entouré de cinglés… Sur le banc des parties civiles, une jeune femme ne rigole pas du tout, le visage fermé et l'air grave. Menad est présenté au tribunal dans le cadre de la comparution immédiate. En effet, le 11 avril dernier, il déboule dans le bureau de poste de Lourdes, le visage en partie dissimulé par une capuche rabattue : il se dirige droit vers le guichet, le contourne, s'approche tout près de l'employée et brandit un long couteau.

Vite rattrapé

Sous la menace, il crie à la jeune femme terrorisée de lui donner 1.000€. Fissa. Fort heureusement, le directeur de l'agence postale et un client s'interposent, mettant le braqueur en fuite. Il sera rattrapé très vite, à la sortie de l'agence. Alors que la présidente Gadoullet commence à peine à l'interroger, Driss Menad, qui affiche 13 condamnations à son compteur judiciaire, se lance dans une diatribe véhémente : «Mais non ! M'ont pas arrêté ! J'étais juste en train de pisser, j'avais une canette de bière à la main ! C'était pas pour braquer, parce moi, les braquages, je sais comment il faut faire, j'ai l'habitude !» Ce n'est rien de le dire : au casier, un nombre impressionnant de vols avec violences ou avec armes, qui lui ont valu la cour d'assises de Haute-Garonne. «Mais pourquoi avoir braqué la Poste ?» insiste la présidente. L'incohérence va servir de réponse : «Mieux vaut être seul que mal accompagné, j'vous l'dit, moi ! Au foyer, j'ai sympathisé avec un bon gars et je voulais l'aider, parce que les autres, z'arrêtaient pas de le racketter. Le soir, j'y ai demandé d'aller me chercher un américain pour moi et de prendre un kebab pour lui. Il a ramené deux kebabs, alors moi ça m'a énervé, parce j'aime pas les kebabs et je voulais un américain. En fait, il m'a manipulé et ça m'a mis en colère. Alors, chuis allé à la Poste pour m'en prendre à quelqu'un. Voilà.» Autrement dit, si la postière a été braquée, c'est à cause d'un kebab mal digéré. Sauf que Driss Menad s'est dirigé tout droit vers le guichet, en ignorant les autres clients, remarque le procureur Puyo. Son intention n'était donc pas de s'en prendre à n'importe qui au hasard : «On ne peut pas retenir le mouvement de colère, puisqu'il va tout droit au guichet et c'est bien pour braquer qu'il rentre. L'employée a été particulièrement traumatisée et elle l'a échappé belle : avec ce couteau imposant, il aurait très bien pu la blesser, voire lui faire un sort. Je demande, compte tenu de la gravité des faits et d'un casier déjà très chargé, 4 ans de prison ferme et le maintien en détention. Je rappelle qu'il était sorti de prison à peine 15 jours auparavant.» Pour la défense, Me Coarraze va insister sur le fait que Menad, à sa sortie de prison, n'a bénéficié d'aucun suivi, d'aucun soutien et a été livré à lui-même, à l'errance, à la rue, aux mauvaises fréquentations. Quand le jugement tombe, lui infligeant 4 ans de prison ferme, Menad explose : «Un braquage raté et au trou ? 4 ans, faut les faire ! Faudrait être un peu plus clément, quoi !» fulmine t-il tandis que le tribunal lui demande de se calmer. «Bon, ça va, allez, on fait comme on a dit, 4 ans…» répond-il en haussant les épaules.

http://www.ladepeche.fr/article/2013/04/17/1607556-lourdes-il-braque-la-poste-enerve-apres-un-kebab.html

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