mercredi 26 janvier 2011

Egypte : nouveaux appels à manifester, le gouvernement menace

Le calme est revenu mercredi matin dans les rues du Caire, au terme d'une journée de manifestations inédites contre le président égyptien Hosni Moubarak, au pouvoir depuis la fin 1981. Un calme précaire : le groupe de militants pro-démocratie, le "Mouvement du 6 avril", à l'initiative des manifestations de mardi qui ont fait quatre morts, a appelé à un deuxième jour de mobilisation. Sur sa page Facebook, le groupe a appelé les Egyptiens à se rassembler sur la place principale du Caire, là où 10.000 personnes, selon des chiffres officiels, avaient déjà manifesté mardi, en scandant "le peuple veut le départ du régime". Et, vers midi, plusieurs dizaines de manifestants s'étaient rassemblés dans le centre
"Tout le monde doit se rendre sur la place Tahrir pour s'en emparer de nouveau", a écrit le groupe sur sa page Facebook, réseau social utilisé, avec Twitter, pour organiser la mobilisation. "Continuant ce que nous avons commencé le 25 janvier, nous allons descendre dans la rue pour demander le droit de vivre, la liberté et la dignité", a par ailleurs affirmé le "Mouvement du 6 avril" dans un communiqué, en appelant à poursuivre la mobilisation "jusqu'à ce que les demandes du peuple égyptien soient satisfaites".


Les Frères musulmans accusés par le pouvoir


Cet appel est intervenu seulement quelques heures après la dispersion dans la nuit par les forces de l'ordre égyptiennes, avec de nombreux tirs de gaz lacrymogènes, des milliers de manifestants encore présents sur la place Tahrir, située dans le centre du Caire et proche de nombreux bâtiments officiels. Outre Le Caire - où les manifestations ont réuni au total quelque 15.000 personnes selon les chiffres officiels - des défilés avaient été organisés mardi dans différentes villes de province, notamment à Alexandrie et Suez, malgré un dispositif policier massif. Trois manifestants sont décédés à Suez après des heurts avec la police, et au Caire un policier a succombé après avoir été frappé par des manifestants. Partout dans le pays, les manifestants ont fait référence à la révolte populaire qui a fait tomber mi-janvier le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali, après 23 ans de règne. "Pain, Liberté, Dignité", scandaient certains, reprenant des slogans des manifestants tunisiens. "Moubarak dégage", criaient d'autres.


Le gouvernement égyptien a d'ores et déjà averti mercredi qu'il ne tolérerait pas de nouvelles manifestations. "Aucun mouvement provocateur ou rassemblement de protestation, ou quelque marche ou manifestation ne sera autorisée, et des procédures judiciaires immédiates seront engagées, et les participants seront remis aux autorités judiciaires", a déclaré le ministère de l'Intérieur. La veille, il avait accusé le mouvement des Frères musulmans d'être derrière les heurts de la capitale.


Selon des spécialistes, ces manifestations anti-gouvernementales étaient les plus importantes depuis les émeutes de 1977 provoquées par une hausse du prix du pain. La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a toutefois assuré que le gouvernement égyptien, ferme allié des Etats-Unis au Moyen-Orient, était "stable". De son côté, la Maison blanche a jugé que "le gouvernement égyptien a une occasion importante d'être sensible aux aspirations du peuple égyptien et de mener des réformes politiques, économiques et sociales qui peuvent améliorer sa vie et aider à la prospérité de l'Egypte". Côté français, la ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, a "déploré" mercredi matin les morts lors de manifestations en Egypte. "Il ne s'agit pas pour la France de faire de l'ingérence" mais "nos principes sont des principes de respect de l'Etat de droit, de non-ingérence mais aussi d'appel à ce qu'il y ait toujours plus de démocratie et de liberté dans tous les Etats", a-t-elle ajouté.
http://lci.tf1.fr/monde/afrique/2011-01/egypte-nouveaux-appels-a-manifester-le-gouvernement-menace-6239106.html

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