jeudi 20 janvier 2011

Tunisie: nuit agitée à Tunis, le gouvernement promet

Les manifestants maintiennent la pression
A Tunis, des unités anti-émeutes de la police ont étroitement encadré une manifestation de quelque 2.000 personnes, dont des islamistes, dans le centre  ville, mais ne sont pas intervenus pour les disperser, selon des journalistes de l'AFP jeudi matin. "Nous voulons un nouveau Parlement, une nouvelle constitution et nouvelle République", ont scandé les manifestants, qui s'en sont pris au Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti du président déchu Ben Ali. "RCD out", proclamait une banderole. Des manifestations ont rassemblé des milliers de personnes en province, notamment à Sidi Bouzid, Regueb, Kasserine, et Thala. Ces localités, dans le centre du pays, ont été au coeur de la "Révolution du jasmin" qui en un  mois d'émeutes populaires a balayé le régime autocratique de Ben Ali. Ce soulèvement a fait, selon le gouvernement, 78 tués et 94 blessés. Mais le Haut commissaire aux droits de l'homme des Nations unies, NaviPillay, a donné mercredi un bilan d'au moins 100 morts.


Le gouvernement tunisien veut "rompre avec le passé"
Face à la contestation, le pouvoir ne peut que promettre : le gouvernement tunisien veut "une rupture totale avec le passé", a déclaré mercredi le président par intérim Fouad Mebazaa, qui a souligné la nécessité de séparer clairement l'Etat et les partis politiques. Lors d'une allocution télévisée, il a affirmé que les responsables des violences des derniers jours avaient été arrêtés et a promis de poursuivre les efforts pour rétablir la sécurité à travers le pays.


Un ministre démissionnera si...


Un ministre tunisien, qui était un des chefs de l'opposition sous le régime déchu, s'est engagé mercredi à démissionner si des "élections libres et justes" n'étaient pas organisées dans les prochains mois. "Bien sûr que je démissionnerai si je commence à douter de la tenue d'élections libres et justes dans six ou sept mois", a déclaré à la BBC Ahmed Nejid Chebbi, nommé lundi ministre du Développement rural. "Je ne suis pas le seul qui démissionnera. Tous ceux qui sont entrés dans ce gouvernement d'union nationale démissionneront si les élections ne sont pas libres et justes, ou si les mesures que nous avons prises ne sont pas appliquées immédiatement", a assuré M. Chebbi, chef historique du Parti démocratique progressiste (PDP). Il s'est en outre prononcé en faveur de l'introduction d'un islam modéré dans la vie politique tunisienne. Selon lui, le Premier ministre a eu des entretiens avec le principal parti islamiste, Ennahdha, qui est interdit.




L'UGTT et Ben Jaafar maintiennent leur retrait
Malgré de nouvelles négociations, la grande centrale syndicale, dont les trois ministres ont démissionné mardi, a maintenu son refus de participer au gouvernement de transition en raison de la présence en son sein des anciens du RCD. Même décision pour le Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL), qui disposait d'un poste avec son leader Mustafa Ben Jaafar.


Première réunion du gouvernement jeudi
Malgré sa fragilisation, l'équipe du Premier ministre Mohammed Ghannouchi devrait se réunir pour la première fois jeudi. A l'ordre du jour : le projet d'amnistie générale pour les prisonniers politiques -qui ont tous été libérés, y compris les islamistes- et la séparation de l'Etat et du RCD.




Trois partis d'opposition légalisés
Tunisie Verte (écologique) d'Abdelkader Zitouni, le Parti socialiste de gauche de Mohamed Kilani et le Parti du travail patriotique et démocratique tunisien, d'Abderrazek Hammami, partis non reconnus sous le régime de Ben Ali, ont été légalisés depuis lundi.


Le couvre-feu allégé
Le couvre-feu a été allégé de deux heures en "raison d'une amélioration de la sécurité", a annoncé la télévision tunisienne. Il est désormais fixé de 20h à 5h, au lieu de 18h à 5h auparavant. L'état d'urgence est en revanche maintenue.


Le ministre des Affaires étrangères quitte le sommet arabe
Le chef de la diplomatie, Kamel Morjane, contesté par la rue car ancien de l'ère Ben Ali, a quitté l'Egypte mercredi matin sans assister au sommet économique arabe de Charm el-Cheikh auquel il devait représenter son pays.


Lors de cette réunion, le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a pressé les pays membres à répondre à "la colère et la frustration sans précédents" de leurs populations.


Enquête sur les biens de Ben Ali
Nouveau gage du nouveau pouvoir pour couper les ponts avec l'ancien régime : une enquête judiciaire pour "acquisition illégale de biens" et "placements financiers illicites à l'étranger" a été ouverte contre Zine El Abidine Ben Ali et sa famille. Elle vise nommément l'ancien chef d'Etat, sa femme Leila Trabelsi, les frères et gendres de Leila Trabelsi, les fils et les filles de ses frères. Le clan Ben Ali-Trabelsi est accusé d'avoir mis en coupe réglée le pays depuis 23 ans.


Trente-trois proches de Ben Ali arrêtés
Preuve de la bonne volonté du gouvernement en la matière, trente-trois membres de la famille du président déchu Zine Ben Ali soupçonnés de "crimes contre la Tunisie" ont été arrêtés, a annoncé mercredi soir la télévision locale, qui diffuse des images de bijoux et d'or saisis lors des interpellations. "Des enquêtes vont être menées pour qu'il soient traduits en justice", dit un communiqué lu à l'antenne émanant d'une "source officielle".


Ben Ali interdit de toute activité en Arabie saoudite, la Suisse bloque ses fonds
L'Arabie saoudite, où l'ancien dictateur a trouvé refuge, lui a interdit toute activité politique liée à la situation dans son pays. De son côté, la Suisse a décidé de bloquer d'éventuels fonds lui appartenant.


http://lci.tf1.fr/monde/afrique/2011-01/tunisie-les-manifestants-ne-desarment-pas-le-gouvernement-promet-6231517.html

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