lundi 24 janvier 2011

Tunisie: l'armée se pose en "garante de la révolution"

L'armée est là pour protéger la révolution du jasmin. C'est en substance ce que le chef d'état-major de l'armée de terre tunisienne, le général Rachid Ammar, a assuré lundi lors d'un première prise de parole depuis le début de la contestation en décembr. En clair, le patron des militaires tunisiens a promis à la foule que l'armée se portait "garante de la révolution", et qu'elle "ne sortira pas du cadre de la Constitution".


Lors d'une intervention improvisée devant la mairie, dans le quartier de la Kasbah, siège du pouvoir politique à Tunis, le général a été catégorique : "Nous sommes fidèles à la Constitution du pays. Nous protégeons la Constitution. Nous ne sortirons pas de ce cadre", a-t-il assuré, à l'aide d'un haut-parleur, quelques feuilles en main. Il s'exprimait devant des centaines de manifestants, qui réclament la démission du gouvernement de transition formé lundi dernier et dominé par les caciques de l'ancien régime du président Zine El Abidine Ben Ali, renversé le 14 janvier.


"Le vide engendre la terreur"


Le général Ammar était un inconnu du grand public jusqu'à ce que certains médias affirment en pleine "révolution du jasmin" qu'il avait été limogé par le président Ben Ali pour avoir refusé de faire tirer ses militaires sur les manifestants qui contestaient le régime. Il jouit aujourd'hui, tout comme l'armée, d'une grande popularité en Tunisie.


Sur la base de ce soutien, le chef d'état-major a appelé les manifestants, dont beaucoup de jeunes issus des provinces déshéritées et rebelles du centre du pays, à lever le siège des bureaux du Premier ministre, qu'ils ont entamé dimanche et poursuivi lundi, défiant le couvre-feu. "Notre révolution, votre révolution, la révolution des jeunes, elle risque d'être perdue, d'autres risquent de la récupérer. Il y a des forces qui appellent au vide, à la vacance du pouvoir. Le vide engendre la terreur, qui engendre la dictature", a prévenu le général Ammar.


Remaniement "d'ici demain"


"Vos demandes sont légitimes. Mais j'aimerais que cette place se vide, pour que le gouvernement travaille, ce gouvernement ou un autre", a-t-il poursuivi, évitant d'apporter un soutien trop explicite à l'actuel cabinet de transition, contesté quotidiennement par la rue depuis sa formation. "Dans ces bâtiments, il y a des ministres et le Premier ministre, mais il y aussi des fonctionnaires qui travaillent aux intérêts de la population et du pays. Laissons-les travailler !", a demandé la général, alors que dans la matinée, des groupes de jeunes avaient tenté de s'en prendre à des fonctionnaires sortant des bureaux du Premier ministre.


Toutefois, lundi en soirée, un membre du gouvernement actuellement en poste a donné des signes d'évolution. Un remaniement est imminent, "peut-être d'ici demain", a annoncé le porte-parole du gouvernement de transition et ministre de l'Education, Taieb Baccouch, sans suggérer que tous les caciques de l'ex-équipe Ben Ali partiront comme le réclame la rue.
http://lci.tf1.fr/monde/afrique/2011-01/tunisie-l-armee-se-pose-en-garante-de-la-revolution-6236543.html


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