lundi 24 janvier 2011

La "caravane de la libération" dispersée à Tunis

Les heurts ont repris dès lundi matin, après une nuit tendue dans les rues de Tunis. Des manifestants de la "caravane de la libération", venus la veille des zones rurales déshéritées de l'intérieur de la Tunisie avec la ferme intention de faire chuter le gouvernement, ont jeté des pierres et des bouteilles sur des policiers anti-émeutes, alors qu'ils tentaient d'exfiltrer des fonctionnaires gouvernementaux. Les forces de l'ordre ont ensuite riposté par des tirs de gaz lacrymogènes. La "caravane de la libération" a ainsi été dispersée, marquant un changement d'attitude des forces de l'ordre. Des manifestants se rassemblent en effet depuis plusieurs jours sous les fenêtres du Premier ministre Mohamed Ghannouchi, mais les forces de l'ordre, elles-mêmes dans l'expectative quant à leur avenir, toléraient jusqu'ici leur présence. Depuis la fuite du chef de l'Etat, le 14 janvier, elles n'avaient eu recours qu'une fois aux gaz lacrymogènes, à l'occasion d'une manifestation sur l'avenue Habib Bourguiba, dans le centre de la capitale
Des heurts qui donnent une idée du bras-de-fer qui se poursuit à Tunis, alors que ce lundi marque le début d'une semaine cruciale pour la survie du gouvernement de transition. Car loin de s'effilocher, et en dépit de la dispersion de la "caravane de la libération", la mobilisation de divers secteurs de la population - militants de gauche, syndicalistes, islamistes ou simples citoyens - contre la présence dans l'exécutif de caciques du régime du président déchu Zine El Abidine Ben Ali se maintient et se renforce. Elle s'exerce désormais de jour comme de nuit, malgré le couvre-feu, devant le Palais de la Kasbah, qui abrite les bureaux du Premier ministre Mohammed Ghannouchi, une semaine après la nomination de son "gouvernement d'union nationale", chargé de remettre le pays sur les rails et de préparer des élections libres et démocratiques d'ici six mois.


Lutte symbolique dans les écoles


Pourtant, le gouvernement fait le gros dos et semble toujours tabler sur un hypothétique essoufflement du mouvement, tout en s'efforçant de remettre le pays sur les rails en relançant notamment l'activité économique. Dans un entretien publié ce lundi par Le Figaro, Kamel Morjane, chef de la diplomatie, exclut ainsi de démissionner. "Mon poste de ministre, je le vois comme un moyen d'aider mon pays dans une période délicate. Je ne tiens absolument pas à rester au gouvernement mais je veux mettre mes compétences à son profit", explique-t-il, précisant avoir quitté le bureau politique du RCD, qu'il compare au gaullisme français. "Je reste fidèle à ses valeurs d'origine (...) Je resterai toujours sensible à cette mouvance même si je reconnais aujourd'hui qu'elle a dévié", ajoute le ministre.


Ce lundi est donc une journée test pour jauger l'évolution du rapport de force rue-gouvernement. Car outre les manifestations proprement dites, écoliers, collégiens et une partie des lycéens doivent reprendre le chemin des classes, fermées depuis le 10 janvier, quatre jours avant la fuite de Ben Ali en Arabie Saoudite. Mais le syndicat des enseignants du primaire a appelé à une "grève générale illimitée", pour exiger un nouveau gouvernement débarrassé de tout ministre de l'ère Ben Ali.


http://lci.tf1.fr/monde/afrique/2011-01/la-caravane-de-la-liberation-dispersee-a-tunis-6236019.html

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