Une semaine exactement après la fuite de l'ex-président Ben Ali, la Tunisie a observé un premier jour de deuil national à la mémoire des victimes de la révolte qui a conduit à la chute du régime autocratique.
Alors que les manifestants ne cessent de réclamer le départ de tous les ministres du régime Ben Ali, le chef du gouvernement Mohammed Ghannouchi tente de calmer le jeu.
Dans une interview télévisée diffusée vendredi soir, il s'est engagé à quitter la politique après la période de transition qui s'achèvera avec des élections démocratiques. Le Premier ministre entend aussi abroger «toutes les lois antidémocratiques» pendant la transition, qu'il s'agisse des lois électorale et antiterroriste ou du code de la presse. Mohammed Ghannouchi a assuré aux journaliste que sous Ben Ali, dont il était pourtant le chef du gouvernement depuis novembre 1999, il avait «peur, comme tous les Tunisiens».
Le principal syndicat souhaite un cabinet «de salut national»
En début de soirée justement, l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), actrice cruciale de la révolte, a appelé à la dissolution du gouvernement et à la formation d'un cabinet «de salut national», à savoir.... sans ministres de l'ancien régime.
Ce vendredi, outre les manifestations réclamant le départ de ces personnalités, des fonctionnaires ont jeté par les fenêtres des portraits officiels de Ben Ali, depuis le bâtiment où siège Mohammed Ghannouchi, à Tunis.
Autre première : des policiers ont réclamé la création d'un syndicat pour les représenter dans plusieurs villes, notamment Tunis où un policier acclamé par la foule a demandé «pardon» pour la répression sanglante. Après la Banque Zitouna lancée par un gendre de l'ex-président, la Banque centrale (BCT) a annoncé vendredi qu'elle prenait le contrôle de la Banque de Tunisie (BT), dont des administrateurs sont proches de Ben Ali.
Les 1 500 lingots d'or ont réapparu
Une source à la Banque centrale tunisienne (BCT) a de nouveau démenti vendredi des informations sur le vol d'une tonne et demie d'or de la réserve stratégique du pays par Leïla Trabelsi. Elle a réaffirmé que la réserve était de 6,8 tonnes et inchangée depuis 20 ans, une estimation conforme à celle en décembre dernier du Conseil mondial de l'or. Mais avec une précision de taille : «Il y a 5,3 tonnes d'or dans les coffres à Tunis et 1,5 tonne à la Banque d'Angleterre à Londres.»
Dans les mosquées : «Prions pour qu'on vive libres»
Le nom de l'ex-président tunisien Zine El Abidine Ben Ali a totalement disparu, des sermons de la prière du vendredi dans les mosquées. «Prions à la mémoire de nos martyrs qui se sont sacrifiés pour qu'on vive libres», a lancé l'imam de la mosquée Al-Fatah, à Tunis. «Amen», ont répondu en cœur des centaines de fidèles.Quelque 78 personnes sont mortes depuis le début des événements de la Révolution du jasmin, 100 d'après l'ONU.
Tout avait commencé le 17 décembre: Mohammed Bouazizi, 26 ans, s'était immolé par le feu à Sidi Bouzid, une région défavorisée. En ce vendredi de deuil national, la famille du jeune marchand de légumes diplômé, est plongée dans la détresse. Mais elle est fière de Mohammed. «Nous avons tous beaucoup de respect pour lui. C'est le vrai chef de notre révolution. C'est le héros de la jeunesse. Il a sacrifié sa vie pour ses droits et ceux des autres», raconte Zyad Al Gharbi, 27 ans, un de ses amis.
Des armes saisies dans le clan Trabelsi
La traque policière de la famille de Zine El Abidine Ben Ali et de son épouse Leïla Trabelsi se poursuit. De nombreuses armes ont été saisies chez un membre de la famille de Leïla Trabelsi, dans la banlieue de Tunis, selon des images diffusées vendredi par la télévision publique. La chaîne publique avait annoncé la veille l'arrestation ces derniers jours de 33 membres de l'ancien clan présidentiel. Imed Trabelsi, donné pour mort la semaine passée,est finalement bien vivant. Il était interrogé vendredi par des policiers.
http://www.leparisien.fr/crise-tunisie/tunisie-le-premier-ministre-s-engage-a-quitter-le-pouvoir-apres-les-elections-21-01-2011-1237595.php
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