jeudi 14 juillet 2011

Affaire DSK: Cyrus Vance hésite

Le procureur semblait contraint d'abandonner les charges contre Dominique Strauss-Kahn. C'est moins évident aujourd'hui: la victime a perdu en crédibilité, pas les faits qu'elle dénonce. Suffisant pour aller au procès?


Depuis le 1er juillet, l'affaire Strauss-Kahn suit les pentes des montagnes russes: tantôt l'inculpé est proche d'une relaxe, tantôt son procès semble encore possible. Car le grand ordonnateur de cette bataille judiciaire, le procureur Cyrus Vance, fait part de ses certitudes, comme de ses doutes, en temps réel.
Depuis que le district attorney a communiqué aux avocats de Dominique Strauss-Kahn, le 30 juin, des éléments montrant le manque de fiabilité de la victime présumée, la cause semblait entendue: "Soit Strauss-Kahn est innocent et il aura vu son honneur injustement flétri, sa carrière dévastée par des soupçons injustes. Soit il est coupable, mais il aura eu la chance de choisir une victime dont la faible crédibilité lui permet d'échapper à une condamnation devant un tribunal. Dans les deux cas, les procureurs ne semblent pas avoir d'autre choix, pour l'instant, que d'abandonner l'idée d'un procès", constate Matthew Galluzzo, ancien procureur à la section des crimes sexuels à Manhattan.
Ses mensonges doivent-ils la priver de ses droits?
Voilà la stratégie de Vance remise en question. N'aurait-il pas fait preuve d'un empressement excessif ? Une accusation suffit aujourd'hui aux Etats-Unis pour ouvrir une enquête après une plainte pour viol. Les policiers et les procureurs n'avaient aucune raison de douter de Nafissatou Diallo, ni de soupçonner qu'elle avait déjà menti, sept ans plus tôt, à l'immigration. Ils auraient pu se donner le temps de s'informer mieux sur le passé et la crédibilité de l'accusatrice avant d'arrêter DSK. Mais le suspect s'apprêtait à s'envoler pour la France, pays qui n'extrade pas ses ressortissants.
La mécanique judiciaire a fait le reste : la mise sous écrou contraignait le parquet à motiver son inculpation par un grand jury dans les cinq jours suivants. De même, pour justifier un refus de libération sous caution, toujours par crainte de fuites, les procureurs devaient arguer que "la gravité du cas" pouvait inciter DSK à s'échapper. Ils se sont donc focalisés sur les détails des faits présumés. Les premières enquêtes de routine sur Diallo n'ont commencé que début juin.
La divulgation de leurs résultats - peu favorables à la victime présumée - semblait préparer l'opinion à un abandon des charges. Or, le 1er juillet, l'équipe de Cyrus Vance continue de demander à DSK de plaider coupable pour l'un des chefs d'accusation mineurs, le délit de séquestration, contre promesse de libération immédiate. Mais le rapport de forces a tellement basculé à l'avantage de l'accusé que ses défenseurs, Benjamin Brafman et William Taylor, refusent ce deal : il exposerait leur client à un déballage éventuel sur sa rencontre avec Diallo, et fournirait à cette dernière un argument précieux pour un futur procès civil, soumis à des règles de preuves bien plus souples. Les avocats de Strauss-Kahn se placent dans une nouvelle logique, celle du rétablissement total de la réputation de leur client, un objectif qui suppose la clôture de l'enquête et le silence sur ce qui s'est passé dans la chambre du Sofitel.
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/affaire-dsk-cyrus-vance-hesite_1011846.html

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