jeudi 21 juillet 2011

DSK : bataille d'avocats sur le témoignage de Tristane Banon

Non, aucune audition de Tristane Banon par Cyrus Vance, le procureur de New York, n'est pour l'heure programmée. C'est son propre avocat, Me David Koubbi, qui l'affirme, contredisant le Figaro qui, citant une source proche de l'enquête sur son site internet, affirmait mercredi que la jeune femme allait "être entendue prochainement pour témoigner dans le volet américain de l'affaire Strauss-Kahn" et que le procureur "devrait faire une demande d'entraide pour que cette audition ait lieu". En revanche, si une telle demande officielle d'entraide judiciaire devait être faite (la Chancellerie restant pour l'heure muette sur ce point), Me Koubbi ne serait, ajoute-t-il ce jeudi dans les colonnes du Parisien, pas opposé à ce que sa cliente aille témoigner à New York
Je ne lui conseillerais pas de comparaître volontairement en dehors de ce cadre légal et officiel", a ajouté de défenseur de Tristane Banon, qui a rencontré mardi le procureur Cyrus Vance en compagnie de l'avocat américain de la femme de chambre qui accuse DSK de l'avoir violée le 14 mai dans un hôtel de Manhattan.
"Ce n'est pas un changement stratégique"

Jusqu'à présent, Me Koubbi a toujours affirmé qu'il refusait de lier les volets français et américain de l'affaire DSK. Interrogé pour savoir si la réunion de mardi signifiait un changement de position sur ce point, l'avocat parisien avait répondu : "Ce n'est pas un changement stratégique". Se gardant de vouloir instrumentaliser le dossier à des fins politiques en visant François Hollande, l'avocat a souligné : "je lis dans la presse que François Hollande a fini par admettre qu'il avait effectivement conseillé à Anne Mansouret que sa fille dépose plainte. Il avait commencé par dire n'être au courant de rien. S'il n'avait pas menti il n'y aurait pas de polémique".

Du côté de François Hollande, pourtant, on veut considérer l'affaire comme close. L'ancien premier secrétaire du PS a dénoncé une "opération politique" le visant dans l'affaire DSK-Banon, menaçant à l'issue d'une brève audition par la police mercredi de se tourner vers la justice si on tentait de l'impliquer de nouveau. Des propos qui évoquaient directement un article du Figaro, illustré d'un montage photographique le montrant aux côtés de Tristane Banon.

Des informations "parcellaires"

Visant également implicitement les fuites dans la presse sur ce dossier, les avocats de Dominique Strauss-Kahn ont pour leur part mis en garde mercredi soir contre la diffusion par la presse d'informations sur l'affaire DSK/ Banon, présentées comme "issues de l'enquête préliminaire ordonnée par le parquet", en soulignant qu'étant "parcellaires, il n'y a(vait) aucune garantie qu'elles reflètent la réalité objective des investigations". Dans un communiqué, Mes Henri Leclerc et Frédérique Baulieu soulignent n'avoir "pas l'intention d'instaurer un débat devant le tribunal de l'opinion" et assurent qu'ils "continueront à attendre avec sérénité les résultats de l'enquête policière qui servira de base à la plainte en dénonciation calomnieuse qu'ils ont déposée".

Pour eux, "ces divulgations nuisent à l'enquête allant jusqu'à provoquer des interviews de personnes dont les noms ont été ainsi révélés et qui n'ont pas encore été entendues par les officiers de police judiciaire". Ils estiment que celles-ci "portent atteinte à la présomption d'innocence, vicient l'enquête et ne permettent aucune discussion sérieuse". Les avocats de Dominique Strauss-Kahn relèvent en outre que le "conseil de Mme Banon comme il était prévisible mais jusqu'ici dénié, va à New York apporter son soutien à la procédure américaine dont on connaît les vicissitudes du fait des déclarations du Procureur américain lui-même. Dans le même temps le tohu-bohu médiatique et la dérive politicienne qui se profile nuisent aux exigences de clarté, d'objectivité et de sérénité de l'enquête policière en France".

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