samedi 23 juillet 2011

Entre tragédie grecque et thriller international : le destin outragé de DSK

Lorsqu’il y a eu le premier coup de semonce avec Mme Diallo, beaucoup de zones d’ombres se sont cristallisées pour montrer que la femme de chambre du Sofitel n’était pas forcément l’héroïne lisse que la saga de l’été pouvait annoncer. Exit l’image d’une pauvre femme de ménage célibataire travaillant durement pour aider sa fille unique, on découvrait un ami en prison et des versements en cash de centaines de milliers de dollars sur ses comptes.

On apprenait que Miss Diallo avait le réflexe de
téléphoner dans un quartier de haute sécurité pour avoir quelques conseils utiles pour faire cracher un multimillionnaire. Souvenons nous d’Atlantico qui a sonné le premier round d’une forme d’exécution médiatique à rebonds multiples avec l’intervention miraculeuse d’un militant UMP qui traînait sur la toile à l’heure du scoop. Les Français étaient alors accusés de sidérations et de sombrer dans la paranoïa d’une théorie du complot s’ils balbutiaient quelques doutes. On nous servait l’homélie moraliste par les voix de Debré et quelques apôtres vociférateurs de l’UMP.
A la suite de cette semaine infernale, on rappelait qu’une journaliste presque inconnue avait eu quelques soucis avec DSK, mais son avocat avait prétendu qu’elle n’irait pas se faire instrumentaliser par la justice américaine. Le deuxième chapitre de l’histoire s’ouvrait pour donner toute sa tonalité au cœur de l’été. C’était bien avant que l’accusation par Cyrus Vance ne s’effondre sous les coups de boutoir de Maître Brafman, ce dernier ayant annoncé la couleur en se confiant à Haaretz et assurant le non lieu pour DSK.
A l’époque on pouvait voir Tristane Banon comme une personne gardant sa réserve et décidant de ne pas interagir avec le procureur américain considérant les faits avec moins de gravité. En outre, l’idée de se frotter à la méthode Brafman était dissuasive, mais moins qu’un retour de DSK en héros d’outre-Atlantique, ce qui devait être aussi intenable pour certaines officines françaises.
D’ailleurs, avec le temps, on a appris qu’un homme de la sécurité du Sofitel était proche de la cellule sécurité de l’Élysée. On a également appris que le groupe Accor avait eu l’idée de changer de direction quelques mois avant les faits et que ce sont deux vieux amis de Nicolas Sarkozy qui avaient poussé au départ le fondateur de la société et en même temps positionné un "nouveau" venu plutôt naïf dans le métier. Rien de bien grave si ce n’est que les partisans du directeur du FMI ont été souvent troublés par la présence de stigmates élyséens à chaque étape de la descente aux enfers de DSK.
L’été "meurtrier" avait l’air de s’adoucir. On avait aussi compris que DSK pouvait être plus victime que coupable dans ce moment tragique de l’histoire du FMI. Il dérangeait dans sa "Vista" concernant les modes de régulation de la crise actuelle. On pouvait décemment comprendre que de vouloir la fin de l’hégémonie du dollar pouvait attirer les foudres de puissants et qu’il pouvait subir un destin à la Assange qui lui aussi aura vu débouler dans sa vie deux femmes agressées. Certains commentateurs lancèrent alors avec humour qu’il s’agissait peut-être de la nouvelle version du parapluie bulgare. Mais DSK avait eu l’honneur de faire tout de même les frais de milliers de couvertures avec son visage pas très frais. Plus que la mort de Ben Laden…
Pendant ce temps-là, les journaux de droites dures titraient alors "Complot Mania" ce qui fut repris par Monsieur Copé pour stigmatiser toute défense de l’accusé de Rikers Island. D’autres journaux plus satiriques se complaisaient dans des unes considérant seulement "l’été des boules puantes".

En gros, la presse avait réussi à traîner dans la boue un grand séducteur, un peu lourd, jusqu’à qu’il fut traité de soudard ou de violeur en série par quelques langues de vipères. DSK du fond de sa prison devait entendre tous ces serpents qui sifflaient sur sa tête… mais in fine, il n’était pas le seul à devoir être la cible de ce déchaînement tragique et estival. Mais la suite est encore plus détonante.

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